Les députés de l’Assemblée Nationale de l’Union des Comores hostiles à Bourhane Hamidou, le président de cette institution, ont bruyamment manifesté vendredi 6 avril pour réclamer sa démission.
Vendredi 6 avril, plusieurs députés comoriens ont bruyamment manifesté afin d’exiger la démission de Bourhane Hamidou, le président de l’Assemblée Nationale de l’Union des Comores. Cet incident s’est produit lors de la cérémonie d’ouverture de la première session parlementaire. Les 32 députés de l’Assemblée (qui compte 33 élus, y compris le président), sont entrés en guerre ouverte contre Bourhane Hamidou.
Les députés comoriens demandent le départ immédiat de Hamidou Bourhane, président de l’Assemblée de l’Union. Lors de la cérémonie d’ouverture de la première cession parlementaire, le vice-président de cette chambre, Djaé Ahamada s’est emparé du micro pour faire part d’un communiqué des députés.
« L’assemblée nationale refuse toute présidence sous Bourhane Hamidou… Notre travail, étant au cœur de la démocratie, ne peut continuer d’être bloqué plus longtemps. C’est la raison pour laquelle, les trente-deux députés sur trente-trois exigent que le président de l’Assemblée nationale, Monsieur Bourhane Hamidou, se démette de ses fonctions », faisait valoir cette note, accueillie sous un tonnerre d’applaudissements.
« Il (ndlr : le président Bourhane) doit partir car il n’a eu de cesse, depuis qu’il est élu, de multiplier les atteintes graves à l’Assemblée, d’humilier ses pairs et l’institution », a renchéri le numéro deux de l’Assemblée. Selon lui, la levée de l’immunité parlementaire de Bourhane serait même au menu de cette nouvelle cession « pour qu’il subisse l’audit dont il est, lui-même, demandeur afin qu’il puisse répondre devant les juridictions compétentes ».
Avant qu’Ahamada ne prenne la parole, le principal concerné par cette pétition a tenu son discours d’ouverture devant les représentants du corps diplomatique, les présidents des conseils des îles autonomes, des membres du gouvernement et bien évidemment les députés. « Je connais votre disponibilité et votre engagement dans les travaux au sein des commissions. Je me réjouis que notre unité soit retrouvée pour l’intérêt de la Nation », a-t-il dit en remerciant au passage tous « les députés qui ont compris que le principal est cette unité sincère ».
Un discours accueilli par les députés dans le désintérêt total. Déjà, à son arrivée au palais, ces derniers lui ont déjà réservé un accueil assez froid.
Après son allocution, Hamidou Bourhane est sorti de l’hémicycle en affirmant « je suis président et je reste président… ». Une détermination qu’il a d’ailleurs soutenue depuis que les critiques à son encontre ont commencé à circuler dans les couloirs du palais.
Interrogé récemment par les journalistes de comores-actualites.com, il disait : « Je suis élu président de l’Assemblée par mes collègues députés conformément à l’article 20 de la Constitution et ce, pour la durée de la législature. Et pour autant, que je sache, nous sommes élus pour cinq ans. Si nous faisons bien le calcul, notre mandat vient à terme en 2015 ».
Les parlementaires reprochent à cette deuxième personnalité comorienne de mauvaise gestion des fonds alloués à l’Assemblée. Ainsi, pour répondre aux différentes allégations selon lesquelles il aurait entrepris des voyages privés au frais de l’institution, il alléguait : « les missions que j’ai effectuées à l’étranger sont des missions officielles. Elles sont, de ce fait, justifiées ».
Par ailleurs, « J’ai toujours dit ma volonté de faire appel à un audit interne ou externe pour analyser les comptes de l’Assemblée. Un appel d’offre vient d’être lancé pour recruter un auditeur. On ne tardera pas à savoir s’il y a eu détournement de fonds », a-t-il avancé en réponse aux critiques sur sa façon de gérer les comptes de l’Assemblée.
Ses collègues dénoncent également ses relations ambigües avec l’ancien président de l’Union des Comores, Ahmed Abdallah Samb, à qui il continuerait toujours de remettre ses rapports de missions. « Il n’est pas interdit au président de l’Assemblée de pouvoir échanger des idées, de temps à autre, avec des personnes ressources comme les anciens présidents de la République », rétorque l’intéressé.
A la question « Comment comptez-vous présider une Assemblée qui est majoritairement hostile ? », Bourhane Hamidou a répondu sans hésiter : « Ce débat de la légitimité ne se pose même pas étant donné que la pétition de mes camarades n’a aucune force ni légale ni juridique ».
Devant toute cette tension qui anime la première cession parlementaire, les membres de l’Exécutif se gardent de tout commentaire. A la fin de la cérémonie du lundi, aucun ministre du gouvernement venu y assister n’a voulu faire de déclaration ; de même que le chef de l’Etat, Ikililou Dhoinine depuis le palais présidentiel.
Source : Lexpress de Madagascar / RFI / El Watan.com