Attachée de presse de l’association CARE France en Haïti, Loetitia Raymond livre son témoignage après avoir rencontré de jeune mères qui survivent dans des conditions abominables, et d’autres qui s’apprêtent à donner la vie, sans l’aide de personne.
"Wadneica ne mesurera peut être jamais la chance qu’elle a d’ouvrir les yeux le 20 janvier, sur la place de Saint Pierre, à même le sol, posée sur des cartons d’emballages usagés. Il est 9h00 du matin quand Joane Kerez, donne le jour à son premier enfant sous une bâche en tissu avec pour seul accompagnement sa mère à ses côtés. Autour les gens s’affairent, des curieux s’entassent autour du petit espace d’à peine 2m20 laissant difficilement la jeune femme enceinte respirer" explique Loetitia Raymond.
Avant de rapporter les propos de cette jeune maman : "il y avait des gens autour qui me regardaient. J’aurais aimé être ailleurs, dans un endroit plus propre et sans tous ces regards posés sur mon corps".
Pas moins de 6000 personnes "(sur)vivent" sur la place bondée de Saint Pierre rapporte Loetitia Raymond, attachée de presse de CARE France en Haïti. "Chaque parcelle est occupée par des sinistrés du tremblement de terre. Les enfants jouent au milieu des déchets, se lavent dans les caniveaux , les femmes cuisinent dans des odeurs pestilentielles puisque tous urinent en plein campement faute de sanitaires. La mère de Joane coupera le cordon ombilical avec une lame de rasoir non désinfectée et pour toute eau, celle d’un réservoir que CARE a installé hier. 5000 litres d’eau approvisionnés au gré des besoins".
Cette jeune mère a donc accouché sans savon, sans serviette de toilette, ni désinfectant et sans médecin. "Depuis le 13 janvier, des centaines de femmes haïtiennes sont contraintes de donner la vie à côté des poubelles dans les rues de Port-au-Prince.
Pour améliorer les conditions de vie des sans-abri, CARE démarre une action de distribution de brouettes, pelles et balais qui permettront de déblayer les ordures.
Né il y a un mois, l’enfant de Saluka Francia, a vu le jour dans un hôpital. Mais depuis que sa famille a dû s’installer sur un campement, sa santé s’est détériorée : "il a mal au ventre, a des diarrhées et a attrapé la grippe".
En Haïti, Loetitia Raymond rencontre chaque jour des femmes qui viennent d’accoucher dans la plus grande détresse et d’autres qui s’apprêtent à donner la vie.