Il y a bientôt quatre ans qu’Alice, 56 ans, combat un cancer du sein particulièrement agressif. Vivre avec la maladie depuis aussi longtemps la pousse à vouloir vivre sa vie à 100%.
C’est début 2018 qu’Alice découvre sa maladie. Quelques mois plus tôt, en novembre 2017, elle était allée voir son médecin traitant qui lui a fait un mauvais diagnostic. "J’ai vu qu’il y avait quelque chose de pas normal. J’ai vu que j’avais une grosseur. Je suis allée voir mon médecin. Elle m’a demandé si ça faisait mal. Je lui ai répondu que oui, ça faisait mal. C’est alors qu’elle m’a dit que lorsque ça faisait mal, c’est n’était pas grave", se souvient-elle.
Quelques mois auparavant, elle avait fait une mammographie. Rien d’anormal n’avait été détecté. Janvier 2018, elle décide d’avoir le cœur net et prend rendez-vous avec son gynécologue. Elle insiste pour faire une mammographie. "Je n’oublierai jamais la tête du radiologue lorsqu’il est revenu avec ma mammographie. Il m’a demandé pourquoi j’avais autant attendu pour venir", se souvient-elle.
Le diagnostic tombe. Une biopsie vient tout confirmer. "Ça a été un coup de massue." Alice est atteinte d’un cancer du sein HER2 positif, plus agressif et plus susceptible de se propager qu’un cancer du sein HER2 négatif. Ce type de cancer du sein a également plus de chances de réapparaître après le traitement. "La tumeur faisait 10 cm. C’est énorme et ça évolue très vite", explique-t-elle.
Très rapidement, suit la chimiothérapie pour faire diminuer la tumeur avant d’opérer. "Après, tout se passe très vite. Tu ne réfléchis plus. Tu suis", lance-t-elle. "Ça faisait 4 mois que je m’étais mariée. Comment j’allais annoncer ça à mon mari, à ma famille ? Je l’ai dit à mon mari après être sortie du cabinet du médecin. Il était affolé. Il ne comprenait pas."
Quelques semaines plus tard, elle se fait opérer. "C’était un moment de trouble complet. Je ne savais pas vers qui me tourner", dit-elle. Elle entre alors dans le déni. "Si l’une de mes amies n’était pas venue avec moi à ma première séance de chimio, je n’y serais pas allée", pense-t-elle. Cette matinée-là, elle est partie travailler, comme à son habitude. C’est ce jour-là qu’elle l’a annoncé à ses amis. "Personne n’ a cru."
Et pour cause. Malgré sa maladie, elle est restée très active. Elle a même continué à travailler. "Mes séances de chimio se faisaient toutes les trois semaines. Je les plaçais entre midi trente et 1h30. A deux heures, je retournais au bureau." Effets secondaires ? Elle n’en avait pas. "Je mettais mes baskets et j’allais faire du sport. C’est le lendemain que j’étais le plus fatiguée."
Mais les remises en question étaient quotidiennes. "Je me disais tous les jours, pourquoi moi. Tous les jours, j’attendais qu’on me dise que c’était une erreur de diagnostic." Après sa mastectomie et la perte de ses cheveux, Alice a pris beaucoup du temps à se remettre. "On perd notre féminité. Je ne m’en suis jamais remise."
Alice dit être consciente que tout peut basculer à tout moment. "Alors, aujourd’hui, je vis ma vie à 100%", fait-elle savoir. "La seule chose qui nous attend, c’est la mort. Alors, je m’y prépare. Quand on n’est pas malade, on a des projets, on vit notre vie, sans penser à la mort. Autour de nous, ce sont nos proches qui ont le plus peur pour nous. Pour les protéger, je préfère ne pas en parler", confie-t-elle.
Mais être entourée de gens qu’elle aime est un vrai baume au cœur d’Alice. "Ils savent que je suis en sursis, mais on n’en parle pas. Quand on m’a annoncé que j’étais malade, je n’étais pas prête à mourir. On doit tous passer par là. J’apprends à ne plus avoir peur", conclut-elle.
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