A Saint-Benoît, Shehnaz a vécu un véritable calvaire pendant plus de 20 ans. Réduite en esclave moderne puis abandonnée, elle retrouve peu à peu sa liberté. Elle souhaite briser le silence qui entoure "l’immeuble de la momie". En 2004, le cadavre de Zoubeda Issabhay a été découvert dans l’un des appartements, il était conservé depuis 23 ans...
En épousant Ibrahim Issabhay, Shehnaz ne connaissait rien de l’enfer qui l’attendait.
Comme l’ont révélé nos confrères du Quotidien, Shehnaz a vécu pendant plus de 20 ans un vrai supplice. Elle était cloîtrée dans un immeuble de Saint-Benoît tristement connu pour être “l’immeuble de la momie”. Pendant 23 ans, un cadavre y a été conservé et Mariame Issabhay y est décédée sous les coups de ses deux soeurs.
Shehnaz vit toujours dans la maison où elle était séquestrée : “Toujours j’y pense à ce qui s’est passé. Maintenant je suis libre, maintenant ça va.”
Shehnaz est restée séquestrée pendant plus de 20 ans. Désormais libre, elle brise le silence sur le calvaire enduré : “On me laissait rester debout, on ne me donnait pas à manger ni à boire. Ils mangeaient devant moi mais ne me donnaient rien. On me tapait.”
En 2004, Shehnaz commence à être battue : “un bâton était cassé sur ma tête, un couteau derrière mon dos.”
En 2010 alors que Shehnaz tombe malade, sa belle-famille en profite pour la priver de ses deux enfants “ils ont enlevé ces enfants, ils venaient pas avec moi.”
Si elle ose parler aujourd’hui, c’est pour renouer les liens avec ses enfants : “c’est moi qui ait maman, qui ait porté, ce n’est pas les autres.”
En 2004, le cadavre de Zoubeda Issabhay est découvert dans l’appartement de la rue Alexis-de-Villeneuve à Saint-Benoît. Ce sont ses deux enfants qui ont fait cette atroce découverte. Ils s’étaient déplacées pour faire signer des documents à leur mère. Le corps retrouvé avait été conservé depuis 23 ans dans une chambre de l’appartement.
Après la découverte du corps, Shehnaz entend à plusieurs reprises les deux soeurs de son mari, Sophia et Sabera frapper régulièrement Mariame, la troisième soeur. Cette dernière décède le 26 décembre 2016.
Mises en examen pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner, Sophia et Sabera Issabhay ont été placées en détention provisoire à la prison de Domenjod en attendant la date de leur procès.