Cette exception à la règle a provoqué colère et stupéfaction en Suisse. La classe politique a même condamné la direction de l’école.
Pour justifier leur refus de serrer la main de leur enseignante, les deux adolescents ont déclaré que l’islam leur interdisait de toucher la main d’une femme.
Une mesure condamnée dans le pays
La pratique est un rituel dans les écoles en Suisse. Une école secondaire de Therwil, commune située dans le nord-ouest du pays, a pourtant permis à deux de ses élèves musulmans de ne pas serrer la main à leur enseignante, a déclaré le journal Schweiz am Sonntag.
Cette mesure exceptionnelle a été condamnée unanimement dans le pays, explique mardi Le Temps. L’histoire remonte à la fin de l’année scolaire 2014-2015. Deux élèves de 14 et 15 ans de confession musulmane n’ont pas voulu serrer la main de leurs enseignantes sous prétexte que l’islam leur interdit. Un débat avec le corps professoral et la commission scolaire locale s’en suivit et les deux adolescents obtiennent gain de cause. Cependant, il leur est également imposé de ne plus le faire avec leurs professeurs hommes pour éviter l’instauration de discrimination entre les sexes.
Aucune mention dans le Coran
La classe politique a aussitôt réagi en condamnant la direction de l’école. La ministre helvétique de la Justice Simonetta Sommaruga citée par Europe 1 a déclaré lundi que "serrer la main fait partie de notre culture et de notre quotidien". Elle a ajouté que ce n’était pas l’idée qu’elle se faisait de l’intégration.
Les autorités musulmanes ont repris le même refrain. Le président de la Fédération des organisations islamiques de Suisse (FOIS), Montassar BenMrad va jusqu’à assurer que le Coran ne mentionne aucune référence allant dans ce sens. "Plusieurs savants musulmans ont affirmé qu’une simple poignée de main pour saluer une autre personne ne pose pas de problème", a-t-il poursuivi. Saïda Keller-Messahli, présidente du Forum pour un islam progressiste, rappelle pour sa part qu’il ne faut pas céder aux exigences des extrémistes, car "cela revient à ouvrir la porte à toutes les exigences de l’islam politique", avance-t-elle sur le récit du Figaro. Elle précise en outre que cette attitude de refus de contact avec la femme n’est pas indiquée dans le Coran.
Malgré ces accusations, Jürg Lauener, directeur de l’école secondaire a maintenu l’exception. "Nous n’avons aucune raison de changer d’avis, sauf si les autorités cantonales se prononcent contre notre décision", a-t-il expliqué. Toujours est-il que le département de l’instruction de Bâle-Campagne, auquel Therwil est rattaché, dresse une expertise sur le sujet afin de lancer une directive à toutes les écoles.