Condamnée à neuf mois de prison ferme pour avoir comparé la garde des Sceaux, Christiane Taubira, à un singe, Anne-Sophie Leclère a décidé de faire appel.
"Cette photo, c’était de l’humour", s’était défendue Anne-Sophie Leclère en octobre 2013. Le tribunal de Cayenne en a décidé autrement en infligeant à l’ex-tête de liste FN aux municipales à Rethel (Ardennes) une peine de neuf mois de prison ferme et 5 ans d’inéligibilité pour avoir comparé Christiane Taubira à un singe.
Anne-Sophie Leclère et le FN ont chacun fait part de leur intention de faire appel de cette décision rendue mardi dernier, rapport France24. "C’est totalement disproportionné, j’ai été très choquée d’apprendre ce jugement. Les criminels sont condamnés et ont un bracelet et moi on me donne de la prison ferme", a déclaré l’ex-candidate frontiste. "C’est une injustice, c’est un jugement partisan et politique", a-t-elle ajouté.
Dépassé par l’ampleur des évènements, la jeune femme martèle qu’elle n’était pas l’auteur du photomontage incriminé. "Je ne sais même pas sur quoi j’ai été jugée. Le photomontage diffusé sur Facebook, ce n’est pas moi qui l’ai fait. Cette photo circulait depuis deux ans sur Facebook ... on me l’a envoyée, je ne savais même pas qu’elle était sur ma page. Je n’ai jamais insulté Madame Taubira de singe. Et aujourd’hui, je suis condamnée à neuf mois ferme", déplore-t-elle.
"Il est clair et net que je n’irai pas en prison pour ça. Oui, je regrette les propos, ils étaient maladroits. Mais je ne pense pas que ça vaut une peine de prison ferme", conclu-t-elle dans une ninterview accordée à l’AFP.
Le Front national, condamné à 30 000 euros d’amende, avait déjà annoncé qu’il ferait appel. "Ce jugement n’a pas de légalité" s’est insurgé Florian Philippot lors d’une interview sur BFMTV. "Le Front national n’a jamais donné les moyens à Madame Leclère d’avoir ces propos-là. Dans le droit français, il n’y a pas de responsabilité pénale d’une personne morale pour un délit relatif à la liberté d’expression", a-t-il souligné.
De son côté, la garde des Sceaux se veut discrète. "En deux ans, vous ne m’avez jamais entendu commenter la moindre décision de justice. Pas une seule fois. Je ne ferai pas d’exception", a-t-elle déclaré à la presse dans la cour de l’Elysée, à la sortie du Conseil des ministres. Elle estime par ailleurs que le tribunal de Cayenne a jugé "selon le Code pénal" et non selon la "fantaisie" des magistrats, peut-on lire sur Les Echos.
Ni le Front national, ni Anne-Sophie Leclère n’ont été représentés par un avocat. Le procureur a regretté "un procès déséquilibré en l’absence des prévenus", rapporte Libération dans son récit du procès. "On n’a trouvé aucun avocat pour nous représenter à Cayenne et je n’avais pas les moyens de me payer le billet d’avion", a expliqué Mme Leclère au sujet de son absence au tribunal de Cayenne.