Après un procès aux Comores, le viol d’une magistrate française à Mayotte est jugé à la Cour d’Assises de Saint-Denis. Déjà condamné à dix ans de prison pour cette affaire, l’accusé S.Ahamada Hassani est absent.
Une audience cruciale se déroule depuis ce matin à la cour d’assises de Saint-Denis. Saindou Ahamada Hassani, interpellé en 2010 par les autorités comoriennes, jugé et condamné en 2012 par la cour d’appel de Moroni à purger une peine de dix ans de prison pour le viol d’une magistrate à Mayotte est à nouveau jugé pour ces faits, devant la juridiction française cette fois.
L’accusé, actuellement en détention, est absent mais sa victime assiste bien aux débats. La jeune femme qui a été violée le 9 juin 2007 a livré son témoignage à la barre, revenant aujourd’hui sur ces événements douloureux, cauchemardesques qui ont brisé sa vie : "à partir du moment où il a mis le couteau sous ma gorge, j’étais presque morte hors de mon corps. Il a tué une partie de moi".
Traumatisée par la violence dont elle a été victime, la juge, en pleurs, a décrit son calvaire. Le jour du viol, la magistrate, alors en poste à Mamoudzou, se trouvait à son domicile avec son enfant.
Des jeunes, décidés à cambrioler la maison ont pénétré dans la case et l’un des voleurs est allé plus loin en agressant sexuellement la mère de famille. Effrayée à l’idée que les voyous ne s’en prennent à son enfant, la victime avait préféré se taire. Selon l’avocat de la partie civile, Maître Rémi Boniface, sa cliente "n’attend pas que la Justice fasse tout. C’est une femme extrêmement courageuse qui ne veut pas s’installer dans un statut de victime et qui a fait énormément en terme de thérapie personnelle et familiale." Et le conseil d’ajouter : "Elle veut se reconstruire mais elle a du mal après l’horreur qu’elle a vécue".
En théorie, une personne ne peut être jugée deux fois. Mais dans ce cas précis, le jugement prononcé par la juridiction comorienne n’empêche pas un procès à La Réunion. Et pour cause, le viol ayant été commis à Mayotte, autrement dit sur le sol français, l’instruction diligentée par le Parquet de Saint-Denis est légitime et le procès intervient comme l’achèvement de cette procédure judiciaire.
Saindou Ahamada Hassani est jugé par un juge et ses deux assesseurs. Selon le droit français, l’accusé encourt une peine de vingt ans de réclusion criminelle.