La Cour Electorale Spéciale malgache a constaté un cas de force majeure et sous-entend un report d’un mois de l’élection présidentielle prévue le 24 juillet prochain.
Le paysage politique malgache entretient un flou total à l’heure actuelle. Une nouvelle délégation de médiateurs, conduite par Leonardo Simao, est arrivée dans la capitale tananarivienne en début de semaine. Sa mission principale sera de convaincre le trio Andry Rajoelina, Lalao Ravalomanana et Didier Ratsiraka à abandonner le processus électoral et à faire en sorte que la date du 24 juillet soit maintenue pour le premier tour présidentiel, annonce la presse malgache.
Depuis hier, les rencontres s’enchaînent entre la délégation de
la SADC et les parties prenantes malgaches, notamment les membres du Comité de suivi et de contrôle de l’application de la feuille de route (CSC), ceux du Conseil de la réconciliation malgache (CRM) et bientôt les signataires du document cadre pour une sortie de crise.
Pour le moment, les médiateurs entendent régler uniquement le problème de candidature des trois personnalités décriées par l’ensemble de la communauté internationale. En ce qui concerne l’éventuel report du calendrier électoral, les émissaires de la SADC s’abstiennent de tout commentaire même si l’on connaît déjà la position des organes africains sur la question.
A Madagascar pourtant, la situation semble déjà évoluer vers cette éventualité, surtout après que la Cour électorale spéciale (CES) ait constaté hier la saisine faite par le CRM « aux fins de report des élections justifié par le cas de force majeure ».
Dans sa lettre, le CRM a justifié sa demande « consécutivement à la décision du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine lors de sa 376è réunion, la SADC, l’Organisation internationale de la francophonie, l’Union européenne et Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies (qui) ont suspendu leurs participations au financement du PACEM tant que Monsieur Andry Nirina Rajoelina, Madame Lalao ravalomanana et Monsieur Didier Ratsiraka ne retirent pas leur candidature de l’élection présidentielle prévue le 24 juillet 2013 ».
Pour les membres de la CSE, les faits « imprévisibles, insurmontables et extérieurs à la volonté des autorités électorales », évoqués par le CRM constituent indéniablement « un cas de force majeure ».
La Cour spéciale rappelle par contre qu’il n’est pas de son ressort de « statuer sur un éventuel report de la date du scrutin ».
Au premier ministre Omer Beriziky de répondre à son tour que « toute prise de décision relative à la modification du calendrier électoral revient à la Commission électorale nationale indépendante de la Transition, avec le concours des experts des Nations Unies. Cependant, tout report doit être justifié par un cas de force majeure, dument constaté par le gouvernement et entériné par la Cour électoral spéciale ».
A l’entendre donc, la position du gouvernement pèsera aussi dans la balance. Hier, le locataire de Mahazoarivo a déjà laissé entendre qu’en cas d’ajournement du 1er tour, les ministres démissionnaires regagneront aussitôt leur fonction respective.
Pour l’heure, aucun des trois candidats contestés de la présidentielle malgache n’ont cédé à la pression faite à leur encontre. Dans une lettre adressée à la CES hier, dans laquelle il explique le motif de sa non-démission, Andry Rajoelina a rappelé qu’il est prêt à renoncer à sa candidature si les deux autres candidats en fassent pareil.