Si vous souffrez d’allergies graves, votre allergologue et vous-même avez peut-être envisagé d’avoir recours à la désensibilisation. De quoi s’agit-il ?
La désensibilisation, également appelée immunothérapie spécifique ou encore vaccinothérapie des allergies, constitue à ce jour le seul traitement pouvant permettre de guérir de certaines allergies. Ce traitement est recommandé par l’Organisation Mondiale de la Santé, qui précise que désormais la désensibilisation doit faire partie intégrante de la prise en charge des maladies allergiques.
De façon générale, l’allergie est une réaction d’hypersensibilité de l’organisme à un élément étranger : allergène. Tout commence par une rencontre avec cette substance, que le corps apprend à identifier et contre laquelle il prépare des anticorps. Lors des contacts ultérieurs entre l’antigène et les anticorps ainsi fabriqués, il se produit une réaction chimique dans les cellules. Celles-ci libèrent alors des médiateurs (par exemple l’histamine) responsables de l’allergie. Dans les formes les plus courantes, notamment saisonnières, on utilise donc des médicaments antihistaminiques, soit de façon ponctuelle, soit sur une longue période.
Il existe également des allergies beaucoup plus graves. Ces dernières entraînent ce que l’on appelle les « chocs anaphylactiques » (réactions à certains médicaments ou à certaines piqûres d’insectes). Les personnes prédisposées doivent alors se munir d’une trousse d’urgence contenant de l’adrénaline et de la cortisone. Sachez en outre que les médicaments antiallergiques peuvent avoir des effets secondaires parfois désagréables, voire dangereux. Il faut donc les utiliser avec prudence et seulement sur prescription médicale.
Quant à la désensibilisation, elle concerne surtout des allergies très spécifiques, comme celles aux acariens, aux
moisissures, au pollen, aux guêpes, aux poils de chat ou à certains champignons. Il s’agit d’un traitement par injections sous-cutanées qui dure plusieurs années. Mais elle n’est pas indiquée en cas d’allergie bénigne ou saisonnière, lorsque les médicaments habituels sont efficaces.
Schématiquement, chez un patient allergique, cela consiste à forcer l’organisme à tolérer l’allergène en question (acariens, graminées, bouleau, cyprès, moisissures…) en administrant des doses importantes et bien souvent croissantes de ce dernier. La désensibilisation vise donc à adapter la réponse immunitaire de l’organisme, en l’habituant progressivement à l’allergène responsable. Il s’agit du seul traitement qui agit de façon durable sur l’origine et les symptômes d’une allergie. Elle prévient en outre l’aggravation de l’allergie et l’évolution fréquente de la rhinite allergique vers l’asthme.
La désensibilisation est recommandée à partir de l’âge de 5 ans. Pas question toutefois d’entamer une cure pour une simple grippe fréquente. L’allergie doit être prouvée, et cela chez un patient qui résiste aux traitements classiques. Par ailleurs, l’allergène principal doit être identifié à la suite de tests spécifiques.
La désensibilisation se fait soit par des injections hebdomadaires avec son médecin, soit par voie orale quotidiennement le matin à jeun. Les spécialistes parlent de cures de désensibilisation car le traitement doit durer entre 3 et 5 ans. Une cure au cours de laquelle des doses croissantes du vaccin allergénique sont administrées au patient, jusqu’à obtenir la dose efficace.
Une fois que tout le protocole a été respecté, le patient devient généralement moins sensible et peut vaquer plus facilement à ses activités quotidiennes. Néanmoins, seul le médecin pourra prévoir un arrêt complet de la désensibilisation ou autres médicaments destinés à soulager les symptômes.