Une avocate engagée par le père de Mohamed Merah affirme qu’elle est en possession des preuves de la "liquidation" du tueur de Toulouse. Le clan Merah accuse le Raid d’assassinat. Une accusation vivement démentie par la police française.
Me Zahia Mokhtari, mandatée par le père Mohamed Merah pour porter plainte contre le Raid (police d’élite française) déclare détenir deux vidéos dans lesquelles le tueur de Toulouse dit aux policiers "je suis innocent". Une version des faits vigoureusement démentie par les forces de l’ordre françaises, qui assurent que Mohamed Merah se revendiquait être un moudjahidine et souhaitait "mourir les armes à la main".
"Nous détenons deux vidéos identiques de 20 minutes chacune dans lesquelles Mohamed Merah dit aux policiers ’pourquoi vous me tuez’ (...) ’je suis innocent’", déclare Me Zahia Mokhtari lors d’une conférence de presse en Algérie. L’avocate du clan Merah envisage de se rendre en France dans les prochains jours pour déposer plainte devant la justice française.
"Des personnes au cœur de l’événement, et qui voulaient que la vérité éclate, m’ont remis ces vidéos", ajoute Me Mokhtari, qui affirme être en possession de "preuves authentiques", dont la "divulgation" sera réservée uniquement à la justice française. Contacté par la presse, le ministère de l’Intérieur français s’est refusé à tout commentaire.
Selon Me Zahia Mokhtari, "Merah (Mohamed) a été manipulé et utilisé dans ces opérations par les services français et a ensuite été liquidé pour que la vérité ne voie pas le jour". L’avocate algérienne a indiqué qu’elle allait remettre à la justice française "une première liste de trois noms, ceux d’un responsable des services français et de deux autres personnes de nationalités différentes qui ’travaillaient’ avec Mohamed Merah pour qu’elles soient entendues dans cette affaire". Me Mokhtari s’abstient toutefois de citer les noms des personnes mises en cause.
Au lendemain de la mort du terroriste Mohamed Merah, le Raid avait affirmé avoir "donné sa chance jusqu’au bout" au tueur qui s’était retranché dans son appartement pendant 32 heures. "Si un assaut a été lancé, c’est par Merah", insiste le patron du Raid, Amaury de Hauteclocque.
Ce chef du Raid a affirmé qu’après avoir interrompu les négociations, le tueur au scooter lui aurait dit clairement : "je suis un moudjahidine, je veux mourir les armes à la main, vous allez m’abattre et je suis très fier, très honoré de lutter contre le Raid, je vais essayer d’(en) tuer le plus possible".
Pour sa part, Bernard Squarcini, le chef de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), a affirmé que Mohamed Merah n’était "ni un indic de la DCRI, ni d’autres services français ou étrangers".
Démenti formel également du côté de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) qui a qualifié de "grotesques" les informations du quotidien italien Il Foglio, qui écrivait sur son site internet que Mohamed Merah effectuait plusieurs voyages à l’étranger sous la protection des services secrets français.
Par ailleurs, l’avocate déclare que Mohamed Merah avait "demandé à parler avec la presse mais cela lui avait été refusé". La dame qui défend les intérêts de la famille Merah souligne que des avocats français "veulent nous aider", sans divulguer de nom. Elle a conclu son point de presse en disant qu’elle a "confiance en la probité et l’impartialité de la justice française".
Le Franco-algérien Mohamed Merah, 23 ans, avait été tué le 22 mars lors d’une opération des policiers du Raid dans son appartement à Toulouse, après 32 heures de siège. Il avait tué par balles sept personnes, dont trois parachutistes les 11 et 15 mars à Montauban, et trois écoliers et un enseignant juifs le 19 mars à Toulouse.