A la demande de la défense, l’affaire de trafic de drogue impliquant trois gendarmes et un policier du GIR à Mayotte pourrait être dépaysée à La Réunion pour "éviter tout soupçon de partialité". Me Fatima Ousseni, avocate des quatre militaires, estime par ailleurs que la presse a été "instrumentalisée", alors que ses clients sont pourtant des “gens honnêtes, à respecter.”
L’affaire de trafic de drogue impliquant trois gendarmes et un policier continue de secouer la petite île de Mayotte. Qui plus est, une victime est à déplorer dans ce scandale. Il s’agit de la lycéenne Roukia décédée en janvier suite à une overdose d’héroïne.
Mercredi 27 juillet 2011, deux gendarmes et un policier ont été mis en examen pour "homicide involontaire" et pour "transport, cession, usage et détention de stupéfiants". Un troisième gendarme, qui n’est autre que le commandant du Groupe d’intervention régionale (GIR) de Mayotte, a quant à lui été placé sous le statut de témoin assisté. Bien que suspendus de leurs fonctions, les quatre militaires n’ont pas été incarcérés.
A l’issue de l’audience au parquet de Mamoudzou, le juge d’instruction Hakim Harki a décidé leur placement sous contrôle judiciaire. Les prévenus n’ont pas été mis en détention préventive “faute de juge des libertés et de la détention qui était en congé”, s’indigne Me Saïd Larifou, avocat d’un indic du GIR. A noter que ce dernier serait l’homme par qui l’affaire a éclaté.
Selon des sources proches du dossier, c’était ce client de Me Larifou, un ressortissant Comorien en situation irrégulière, qui avait vendu la drogue à Mathias Belmaire, le petit ami de Roukia.
Cet informateur du GIR a assuré, lors de son audition, qu’il avait reçu la drogue de la part des gendarmes. Une drogue dissimulée parfois dans des enveloppes estampillées "gendarmerie nationale". Et c’est ainsi qu’au moins 300kg d’héroïne ont été écoulés dans les rues de Mamoudzou, selon ses dires.
D’après certaines sources proches de l’enquête, les gendarmes mis en cause auraient tout fait pour que ce clandestin comorien soit expulsé. Seulement voilà... “On était loin de penser que mon client s’approvisionnait à la gendarmerie”, affirme Me Saïd Larifou.
Depuis plusieurs années, les gendarmes auraient couvert un réseau de trafic de drogue en provenance d’Anjouan. Ils se servaient des clandestins pour introduire de la drogue à Mayotte. Des vraix faux passeurs qu’ils ont eux-mêmes interceptés. Ceci afin de gonfler leurs statistiques de saisie. Une pratique qui leur avait permis d’obtenir "une prime au mérite " la semaine dernière, selon la presse locale.
Quant à la drogue saisie, elle était en général remise sur le marché par l’intermédiaire des vendeurs, pour la plupart des Comoriens en situation irrégulière. Au cours des travaux d’enquête préliminaire, il est ressorti que les gendarmes exerçaient un chantage au titre de séjour sur les Comoriens.
Aujourd’hui, Me Fatima Ousseni, avocate des trois gendarmes, tente de faire dépayser cette affaire à La Réunion, afin, dit-elle, d’ "éviter tout soupçon de partialité". La défense accuse la presse d’avoir été " instrumentalisée " alors que les suspects se trouvent en réalité être des “gens honnêtes, à respecter.”