Accusé d’harcèlement moral par une ancienne employée, le PDG d’Air Austral Gérard Ethève a dû s’expliquer devant le tribunal correctionnel de Saint-Denis hier. Convoqué lors d’une première audience le 21 juin dernier, ses avocats avaient souligné des vices de procédure, lui permettant de reporter le moment crucial. Hier, pas d’énième coup de théâtre. Le procureur a requis 4 mois de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende à l’encontre de Gérard Ethève.
Une étape déterminante a été franchie hier dans le feuilleton judiciaire Gérard Ethève. Après une première audience avortée le 21 juin dernier - pour cause de "vices de procédure" relevés par ses avocats, le PDG d’Air Austral a finalement dû se justifier à la barre du tribunal correctionnel de Saint-Denis hier. Poursuivi pour harcèlement moral sur une ancienne employée, il a dû enfin s’exprimer sur cette affaire.
Commencée à 15h40, l’audience s’est achevée aux alentours de minuit. Une séance de près de 8 heures pendant laquelle 11 témoins ont défilé pour raconter ce qu’ils connaissaient de la plaignante. Des récits destinés à démêler le vrai du faux dans cette affaire et surtout à prouver devant la cour la sincérité de Béatrice Coma-Faggion.
Cette ancienne employée, chargée de communication au sein de la compagnie aérienne de mars 1991 à mai 2008, accuse Gérard Ethève d’harcèlement moral. Pendant plus de 10 ans, tout se passe bien entre la jeune femme et la direction, même si celle-ci constate un management de type "despotique". Mais par la suite ses conditions de travail se dégradent rapidement.
Avantages supprimés, moyens de communication confisqués, la jeune femme se retrouve subitement sur une voie de garage, écartée des réunions importantes. Le 2 mai 2008, elle est tout bonnement licenciée au motif de ses absences répétées pour raison médicale. Béatrice Coma-Faggion décide de déposer plainte aux prud’hommes puis en pénal à l’encontre de la compagnie et de son directeur, s’ensuit alors une procédure de plus de deux ans, dont l’audience d’hier a signé l’épilogue.
Sommé de s’expliquer sur le cas Coma-Faggion, Gérard Ethève est apparu confiant, insistant une fois encore sur son innocence. Déclarant qu’il n’y avait aucune intention " de supprimer son poste", mais que "son absence de plus de dix mois pour arrêt maladie", avait contraint la direction à prendre une décision. Il pointe également le refus de l’employée "de travailler en équipe" et parle d’une auto-marginalisation.
Du côté de la plaignante, la version est bien différente. "Si vous contrariez Gérard Ethève, vous perdez votre job. Tout le monde le sait chez Air Austral du commandant de bord au bagagiste".
Au terme des 8 heures d’audience, le Procureur a requis une peine de 4 mois d’emprisonnement avec sursis simple, assorti d’une amende de 10 000 euros à l’encontre de Gérard Ethève, ainsi qu’une sanction financière de 50 000 euros à l’encontre de la compagnie Air Austral. Gérard Ethève sera définitivement fixé sur son sort le 9 août, la décision étant mise en délibéré.