Après la journée particulièrement mouvementée de jeudi, le calme est revenu dans la ville d’Antananarivo. Les autorités restent sur le qui-vive pour ce week-end.
Manifestation, affrontements sanglants entre militaires, peur dans la ville, panique parmi la population, dégradations des biens ici et là… Autant d’informations qui monopolisent la scène médiatique de Madagascar depuis 48 heures. Toutes les conversations se focalisent sur le violent bras-de-fer ayant opposé les mutins du corps d’élite de la gendarmerie et les forces de sécurité loyales au régime en place. Bref, toute l’opinion s’accorde à dire que la journée de ce jeudi 20 mai n’était pas de tout repos pour la population d’Antananarivo.
Certes, les accrochages meurtriers entre les militaires continuent encore à marquer les esprits, mais dès la lueur de l’aube hier, la ville des Milles a renoué avec son train-train quotidien. Les petits commerçants et autres marchands ambulants vaquaient à leur gagne-pain. Les principaux centres commerciaux, notamment les grands magasins situés du côté de Behoririka ou encore ceux ayant pignon sur l’Avenue de l’Indépendance ont repris le cours normal de leurs activités. Bref, c’est toute la ville d’Antananarivo qui reprend vie malgré le marasme économique dans lequel le pays s’est englué depuis plus d’un an.
En effet, la majorité des Malgaches commencent à se résigner face à la crise politique qui tend à s’éterniser dans leur pays. Beaucoup de Malgaches ne cachent plus leur ressentiment face aux choses politiques.Une enquête Baromètre Midi Capsule publiée ce jeudi par le quotidien Midi Madagasikara révèle d’ailleurs que 79% des Tananariviensne croient plus à une éventuelle fin de crise avant la fête nationale du 26 juin.
Dans la rue, le ras-le-bol se lit sur tous les visages. « Les politiciens malgaches ont intérêt à adopter des comportements plus responsables et à laisser de côté leurs rancœurs personnelles sans quoi ce pays risque de s’enfoncer encore plus dans la crise », lance Vonisoa, une ancienne ouvrière de la zone franche reconvertie en vendeuse à la sauvette.
Comme Vonisoa, nombre d’observateurs issus de la masse populaire accusent les acteurs politiques d’être derrière le malaise qui mine l’armée malgache. « Les manipulations politiques pratiquées en coulisse ont donné lieu aux affrontements d’hier. C’est malheureux de voir les militaires malgaches s’entretuer ainsi ! », déclare un autre marchand ambulant d’Analakely sur un ton plein d’amertume. « Si la crise perdure, c’est à cause des politiciens. Ils ne s’empressent pas de rétablir la paix à Madagascar parce qu’ils mangent toujours à leur faim » fustige Harimalala, une enseignante retraitée.