Une magistrate de Nanterre, Isabelle Prévost-Desprez, dénonce dans un livre les "attaques" et l’"acharnement" dont elle s’estime victime de la part du parquet dirigé par le procureur Philippe Courroye, en raison de ses prises de position judiciaires.
NANTERRE (AFP) - Une magistrate de Nanterre, Isabelle Prévost-Desprez, dénonce dans un livre les "attaques" et l’"acharnement" dont elle s’estime victime de la part du parquet dirigé par le procureur Philippe Courroye, en raison de ses prises de position judiciaires.
Dans cet ouvrage à paraître lundi, intitulé "Une juge à abattre" (Ed. Fayard), Mme Prévost-Desprez, présidente de la 15e chambre correctionnelle du tribunal de Nanterre, assure avoir fait l’objet d’une "succession d’accusations grotesques et mal intentionnées" de la part du parquet, destinées à la faire "craquer".
"On m’a placée sous surveillance (...) Lors des audiences que je présidais, je voyais désormais un membre du parquet s’installer dans la salle sans autre motif apparent que de venir écouter", écrit la juge, qui met directement en cause Philippe Courroye.
"Pour avoir rendu, avec mes assesseurs, des décisions qui ont apparemment déplu en haut lieu, je me suis retrouvée de nouveau attaquée", poursuit Mme Prévost-Desprez.
Contacté par l’AFP, le parquet de Nanterre a indiqué ne pas être en mesure de réagir à ces critiques, le livre n’ayant pas encore été publié. "Ces accusations doivent s’apprécier au regard de l’intégralité de l’ouvrage, il faut les mettre en perspective", a souligné le parquet, rappelant s’être déjà exprimé sur les difficultés rencontrées avec la juge.
Plus généralement, Mme Prévost-Desprez dénonce une "mise au pas de la justice" et une "défaite de la démocratie", notamment avec le projet de suppression du juge d’instruction.
"Ces coups ne visaient pas que moi, ils concernaient l’ensemble de la justice, ils mettaient à mal son indépendance et touchaient par ricochet tous les magistrats", écrit-elle.
La présidente de la 15e chambre, spécialisée dans les affaires financières, a pris à plusieurs reprises des positions opposées au parquet de Nanterre, dans l’affaire Bettencourt ou dans celle du compte bancaire piraté de Nicolas Sarkozy.
Durant l’hiver, Philippe Courroye avait mis en cause sa déontologie, l’accusant notamment d’ingérence dans un dossier de trafic d’influence. Pour protester, plusieurs dizaines de magistrats du siège et avocats avaient boycotté le discours du procureur lors de l’audience solennelle de rentrée du tribunal, l’accusant d’avoir tenté de déstabiliser une juge chargée d’affaires sensibles.