"Le plus difficile, c’est de faire des croquis et prendre des photos avec les gants" : près de Lyon, des policiers revêtus de scaphandres apprennent à travailler en milieu toxique afin d’enquêter en sécurité en cas d’attentat, d’accident bactériologique ou chimique.
ECULLY (Rhône) (AFP) - "Le plus difficile, c’est de faire des croquis et prendre des photos avec les gants" : près de Lyon, des policiers revêtus de scaphandres apprennent à travailler en milieu toxique afin d’enquêter en sécurité en cas d’attentat, d’accident bactériologique ou chimique.
"Actuellement, la police française n’est pas équipée pour faire des constatations en milieu toxique", explique le commissaire Guillaume Le Magnan, qui dirige le service central d’identité judiciaire à Ecully, dans la banlieue de Lyon.
"Lors de l’exposion d’AZF à Toulouse en 2001, les premiers policiers ont travaillé dans des conditions de sécurité qui n’étaient pas satisfaisantes, avec de simples masques à gaz. Nous formons des policiers à intervenir avec des scaphandres étanches aux liquides et aux gaz, qui permettent de rentrer dans des lieux où l’air est complètement vicié", détaille-t-il.
Au fond du parc abritant la sous-direction de la police technique et scientifique à Ecully, deux enquêteurs en scaphandre se rapprochent d’un bâtiment d’où émanent des fumées, alors que sept mannequins gisent à terre. Près de l’un d’eux, une revendication : "Bande d’imbéciles, je vous ai tous empoisonnés et je vais me faire sauter".
Croquis, photos, quadrillage de la scène, relevés d’empreintes et de traces, prélèvements de pièces à conviction : "Ce travail prend beaucoup plus de temps dans un milieu toxique car seuls deux ou trois policiers peuvent travailler à la fois, pendant un temps limité" en raison de la capacité des bouteilles d’air, souligne le Commissaire Le Magnan.
"Le plus difficile, c’est de faire des croquis et de prendre des photos avec les gants", estime l’un des dix policiers qui suivent cette première formation.
Le matériel est adapté : un appareil photo numérique, simple d’utilisation, et un stylo pour appuyer sur les touches trop difficile à atteindre à travers les gants. Les prélèvements sont conditionnés dans trois enveloppes successives, afin d’être décontaminés avant d’être examinés.
D’ici octobre doivent être formés 40 fonctionnaires, techniciens de l’identité judiciaires ou enquêteurs spécialisés dans le terrorisme et les infractions criminelles.
"On espère ne jamais avoir besoin de s’en servir mais, s’il faut y aller, le jour J, on sera contents d’avoir ces combinaisons", estime un policier parisien venu suivre la formation à Lyon.
Les attentats au sarin dans le métro de Tokyo en 1995, suivis par des attentats au chlore en Irak, ont montré le besoin de créer des unités NRBC (nucléaire radiologique, biologiques et chimiques).
"Il faut se préparer au cas où une bombe sale explose chez nous un jour", indique le commissaire Le Magnan. "Si c’est un attentat, il faut pouvoir identifier très vite les auteurs, pour éviter qu’il y a en ait d’autres", insiste-t-il.
Des exercices communs sont à l’avenir prévus avec l’unité NRBC des pompiers, qui ont été les premiers à former des équipes pour ce type d’intervention.