Le tribunal correctionnel de Pontoise entend à partir de ce mardi les parties civiles du procès du crash du Concorde qui avait fait 113 morts à Gonesse (Val d’Oise) le 25 juillet 2000, procès fleuve de quatre mois qui s’est révélé ces dernières semaines très technique.
PONTOISE (AFP) - Le tribunal correctionnel de Pontoise entend à partir de ce mardi les parties civiles du procès du crash du Concorde qui avait fait 113 morts à Gonesse (Val d’Oise) le 25 juillet 2000, procès fleuve de quatre mois qui s’est révélé ces dernières semaines très technique.
"On va enfin retrouver un peu d’humanité", confiait anonymement vendredi un "habitué" du procès.
Depuis plusieurs semaines, les débats ont en effet pris une tournure extrêmement technique avec notamment l’examen d’incidents de pneus ayant émaillé la carrière du Concorde avant l’accident de Gonesse.
Mardi, la technique devrait être laissée de côté avec l’audition des parties civiles.
Le tribunal entendra notamment la famille du couple Shranner, passagers du vol, la famille de Pauline Sypko qui est morte dans l’hôtel sur lequel s’est écrasé le supersonique, Patrick Tesse, patron de l’hôtel voisin qui a subi un choc psychologique, un copilote du Concorde ou encore un psychiatre.
Parmi les parties civiles, rares sont les familles des passagers de l’avion, la grande majorité ayant renoncé à toute poursuite après avoir touché une forte indemnisation.
Jusqu’alors, experts, ingénieurs, membre du bureau enquête analyse, témoins cités par la défense... se sont succédé à la barre pour disséquer le Concorde et son fonctionnement.
Des débats techniques où chaque mot a été pesé. Le vocabulaire aéronautique est extrêmement précis et une erreur lors d’un témoignage peut créer la polémique.
La présidente du tribunal Dominique Andréassier, a dû, par exemple, donner la définition officielle des termes "incidents" et "accidents" dans l’aéronautique, en s’appuyant sur l’annexe 13 de la convention relative à l’aviation civile internationale.
Il y a quelques semaines, les avocats de la défense ont ainsi critiqué la traduction faite en anglais durant les débats. Mais les termes français ont eux aussi été soumis à la critique. "On reprend nos termes, on les retourne pour ergoter", s’est plaint un expert. "Je ne peux pas laisser passer l’expression +avion partiellement dangereux+", s’est insurgé Henri Perrier, ancien directeur du programme Concorde, sur le banc des accusés.
Le 25 juillet 2000, un Concorde d’Air France en partance pour New York s’écrasait sur un hôtel à Gonesse moins de deux minutes après son décollage de Roissy, tuant les 109 personnes à bord, dont une majorité d’Allemands, et quatre au sol. C’était le premier crash du supersonique, après 24 années d’exploitation.
Sur le banc des prévenus figurent la compagnie américaine Continental Airlines, deux de ses employés, deux anciens responsables du programme Concorde et un ancien cadre de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), garante de la sécurité du transport aérien. Le procès est prévu jusqu’au 28 mai.