Les forêts réunionnaises abriteront-elles à nouveau la perruche verte des Mascareignes ? Cette espèce est éteinte dans l’île depuis la fin du XVIIIe siècle, mais est toujours présente à l’île Maurice. C’est le projet sur lequel planche la SEOR.
C’est un projet qui date des années 70, explique Kalyan Leclerc, chargé de mission à la Société d’Études Ornithologiques de La Réunion (SEOR). "À l’époque, la perruche verte des Mascareignes était au bord de l’extinction à Maurice. En 1986, il n’y avait que 12 individus connus. De gros efforts ont été faits et à l’heure actuelle, la population a augmenté. On tourne autour de 800 dans l’île sœur. Maintenant, ils n’ont plus assez de forêts pour autant de perruches vertes", indique-t-il.
Même si l’île Maurice compte moins de forêts que La Réunion, elle abrite beaucoup plus d’espèces animales. "C’est parce qu’à Maurice, les forêts ont disparu beaucoup plus lentement. À La Réunion, c’était très brutal. C’est ce qui a causé la disparition de nombreuses espèces", poursuit le chargé de projets de la SEOR.
Dans les années 70, une étude avait mis en lumière la faisabilité de la réintroduction de cette espèce d’oiseaux à La Réunion. En 2001, une pré-étude de faisabilité arrivait aux mêmes conclusions. Depuis mars de cette année, une autre étude de faisabilité socioéconomique est menée par la SEOR. "300 ans à l’échelle du processus écologique, c’est extrêmement bref. Il n’y a pas eu de réadaptation de la forêt avec l’absence de ces espèces", précise-t-il.
Une thèse a d’ailleurs été soutenue l’année dernière à propos de l’impact sur l’écosystème réunionnais concernant l’absence d’espèces frugivores comme l’étaient la perruche verte des Mascareignes. "La thèse avait montré que la disparition de ces espèces avait eu un impact sur l’effondrement de la diversité des arbres à gros fruits sur l’île. Des arbres qui, maintenant, manquent de disperseurs."
La réintroduction de cette espèce pourrait-elle impacter les cultures sur l’île ? Il semblerait que non, selon Kalyan Leclerc. "À Maurice, il n’y a jamais eu d’observation d’impact sur les vergers, les cultures. C’est une espèce qui reste dans les forêts, elles n’y sortent quasiment jamais."
À savoir quand les Réunionnais pourront voir des perruches vertes des Mascareignes dans leurs forêts, Kalyan Leclerc n’a pas de réponse précise. "Tout va dépendre des résultats de cette étude. Là dessus, on est confiant. Mais tout va dépendre de l’acceptation des différents acteurs économiques et de la population en général."
L’étude de faisabilité se terminera en mars 2022. À l’issue de cette étude, les conclusions seront envoyées au Conseil scientifique régional du patrimoine naturel. "Si on a un retour positif, on espère pouvoir faire des démarches dès 2022 de la modification de l’arrêté ministériel qui permettrait la réintroduction de l’espèce", conclut-il.