Avec les records historiques de pluie enregistrés à Mayotte, les signes de changements climatiques semblent incontestables.
Le 101e département français a connu de fortes précipitations cette année avec des quantités inégalées d’eau. La saison des pluies qui vient de prendre fin restera dans les annales comme en témoignent les travaux effectués par Météo France et relayés par le Journal De Mayotte.
Des records de pluies dans de nombreux villages
Les prévisionnistes annoncent des chiffres spectaculaires pour ne citer que les records de pluie dans le sud et sur Petite Terre. Il s’agit des précipitations les plus élevées depuis que "les relevés météo existent dans notre département", a confié Bertrand Laviec, le responsable de Météo France Mayotte. En effet, la pluie s’est déversée sur de nombreux villages avec des quantités largement au-dessus de la normale. Dans les détails, les météorologues ont observé 40% de plus sur Bandrélé, 54% sur Mzouazia, 55% sur Pamandzi. Le record le plus marquant a été noté à Mbouini, dans l’extrême sud de Grande Terre avec des précipitations supérieures à 89% à la normale à raison de 1 928mm d’eau au mètre carré.
Répartition particulière des pluies
Alors que la saison des pluies a connu un retard à Mayotte, ces quantités élevées de précipitations sont frappantes. "À part un épisode pluvieux marquant en novembre, l’essentiel des pluies s’est concentré entre le 25 janvier et le 10 avril", a indiqué le prévisionniste qui évoque également une répartition particulière des pluies. "Ce qui est étrange, c’est qu’on est à l’inverse de la situation habituelle", observe Bertrand Laviec en révélant un déficit de précipitations dans le Nord-ouest.
Le changement climatique s’impose
Ces records de pluies résultent en particulier du phénomène El Niño particulièrement puissant cette année. "El Niño est une sorte de catalyseur, mais les signes d’un changement climatique qui s’accélère sont manifestes", a expliqué Bertrand Laviec. Ainsi, pour les prochaines années, les phénomènes particuliers correspondant à la saison des pluies 2015-2016 pourraient devenir une nouvelle norme. "La saison sèche sera plus sèche et la saison humide sera plus ramassée, avec une évolution de la répartition géographique qui conduira le nord de Grande Terre à ne plus être la zone la plus arrosée de Mayotte", détaille le météorologue. Cette évolution climatique à Mayotte peut entraîner des risques accrus de recrudescence des cyclones. Par ailleurs, le problème de manque d’eau potable n’est pas à écarter sans compter les conséquences sur l’environnement et la crainte des incendies.