La lutte anti-drogue est un échec : c’est la constat dressé par un comité international, composé notamment de présidents latino-américains, qui préconise "d’encourager l’expérimentation des gouvernements avec des modèles de régulation légale des drogues". Le cannabis doit-il être dépénaliser ? La question suscite toujours de nombreuses réactions.
Pour beaucoup de jeunes, fumer un joint en public est un geste familier et banalisé. Pour ces consommateurs réguliers, les arguments en faveur de la dépénalisation du cannabis ne manquent pas. Mais si les cas de dépendance sont moins fréquents que pour la cigarette ou l’alcool, les associations pointent les dangers du cannabis au volant.
"Le zamal, c ’est quelque chose de naturel, c’est quelque chose que l’on peut planter, que l’on trouve facilement à la Réunion", estime ce consommateur régulier. La facilité d’accès, le caractère "naturel" de ce produit psychotrope et la dangerosité de l’alcool et de la cigarette qu’ils jugent bien supérieure, sont les principaux arguments avancés par ces jeunes pour défendre la légalisation du cannabis.
Selon l’Observatoire français des Drogues et des Toxicomanies, les jeunes français font partie des plus grands consommateurs européens de cannabis, la substance illicite la plus répandue. L’institut évalue à environ à 1,2 million le nombre de jeunes entre 17 et 25 ans qui fument fréquemment et à 12,4 millions ceux qui ont déclaré avoir déjà expérimenté.
Contrairement aux idées reçues, la Réunion compte moins de consommateurs que la métropole. La dépénalisation a depuis toujours ses partisans et ses détracteurs. Délicat en effet de faire abstraction des effets de dépendance entraînés par la consommation régulière et qui doivent faire l’objet d’un traitement médical. Tout comme la dépendance au tabac ou à l’alcool, la dépendance de cannabis, même si elle est moindre, constitue un problème de santé publique. "Il est vrai que les cas de dépendance parmi les usagers réguliers sont estimés entre 5 et 15%", précise David Mété, chef du service d’addictologie au CHR Félix Guyon.
Parallèlement, la dépénalisation du cannabis touche à une autre problématique : celle de la sécurité routière. Allié à la consommation d’alcool, le cannabis augmente de 14% les risques d’accidents mortels. Pour les associations, qui pointent les dangers d’une banalisation de cette substance, la légalisation du zamal est hors de question. "Cela entraînerait une déresponsabilisation des consommateurs, ils pourraient fumer ouvertement", ce qui provoquerait "de grosses difficultés", selon Daniel Tirel, président du comité départemental de prévention routière. Sur les routes, chaque année, la consommation de cannabis est à l’origine de 230 accidents mortels.