Lors de l’audience solennelle de rentrée au tribunal correctionnel de Saint-Denis qui s’est déroulé vendedi après-midi, la présidente du tribunal de grande instance de Saint Denis a pris la parole, comme le procureur de la République Eric Tuffery. Il est sur le plateau d’Antenne Réunion.
Globalement, Eric Tuffery, lors de l’audience solennelle de rentrée, il a commenté l’augmentation de la délinquance à La Réunion en 2016. Au-delà du constat, il avance des pistes pour l’expliquer.
"Il y en a plusieurs. Il y a sans doute plus de plaintes déposées, notamment concernant les violences conjugales, avec beaucoup plus de victimes femmes qui osent franchir le seuil des gendarmeries et des commissariats. Il y a plus d’atteinte aux bien, notamment les cambriolages ; c’est un phénomène qui va perdurer. Autre facteur, la consommation d’alcool et de stupéfiant est un problème qui génère des passages à l’acte".
Le procureur de la République a également mis en avant la progression de 30 % des comparution immédiate, qui est une procédure plus rapide.
"On l’a mis en oeuvre pour des faits graves ou très graves qui ont été commis par des individus qui ont déjà été condamnés. Il y à La Réunion des faits qui croissent en gravité et un nombre de personnes déjà condamnées qui est également en augmentation".
Dans son discours, Eric Tuffery a parlé d’une "métropolisation de la délinquance", d’une arrivée de la "grande criminalité", il s’en explique.
"Ponctuellement on voit des signaux assez inquiétants. Il y a quelques indicateurs qui tendent à montrer de l’arrivée de drogues dures telles qu’héroïne et cocaïne. Il y a déjà des drogues de synthèse qui viennent d’Asie du Sud-Est, avec des trafiquants qui vont être intéressés pour en vendre dans l’île et pas uniquement aux touristes qui viennent découvrir La Réunion (...).Il faut éviter de croire que seuls les zoreys consomment de la cocaïne".
"Contre ce fléau comme les autres, nous manquons de moyens. Il reste un nombre d’enquêteurs qui reste insuffisant. Certains marchands de sommeil sont prêts à n’importe quoi pour gagner de l’argent."
"Il n’y a pas de surpopulation. Globalement le nombre de personnes détenues à la prison de Domenjod correspondent au nombre de places".
L’alcool est à l’origine de nombreux faits divers, notamment avec les jeunes enfants ivres dans un collège de Saint-Louis. Le procureur de la République réagit sur cette problématique.
"Je ne peux interdire que l’on mette des pyramides d’alcool à l’entrée des supermarchés, ou des 4x3 aux abords des établissements scolaires (...). C’est peut-être d’abord à ceux qui vendent leur alcool de réfléchir, notamment à l’idée de sauver les Réunionnais et ne pas en faire uniquement des clients qui seront prêts à s’alcooliser dès qu’ils auront 10 ans".
Retrouvez l’intégralité de l’interview d’Éric Tuffery, procureur de la République de Saint-Denis, dans la vidéo ci-jointe.