La commission d’appel d’offres pour la cession de la prison Juliette Dodu de Saint-Denis se réunit ce mercredi afin de désigner le futur propriétaire du site. L’ancienne prison, créée il y a 3 siècles, sera transformée en logements sociaux. Retour sur l’histoire du centre pénitentiaire désigné comme "la honte de la République".
Le futur propriétaire et le projet retenu pour la transformation de la prison Juliette Dodu à Saint-Denis sont dévoilés ce mercredi après-midi. La commission d’appel d’offres pour la cession de la prison Juliette Dodu, présidée par Jean-Luc Marx, préfet de La Réunion, se réunit en préfecture.
La cession de l’édifice créé en 1773 s’est effectuée sur la base d’un cahier des charges intégrant notamment la réalisation de logements sociaux et la préservation d’éléments patrimoniaux.
Fermée fin 2008, la prison Juliette Dodu porte encore les stigmates de trois siècles de vie pénitentiaire. A sa création, à l’époque coloniale, la prison est destinée à emprisonner les détenus esclaves, dans ce qui est appelé le "bloc des noirs". La prison sert à la fois de maison d’arrêt et de justice, de maison de police municipale, de lieu de sûreté ou encore de dépôt.
L’histoire de la prison Juliette Dodu a toujours été liée à la problématique de la surpopulation carcérale. Au 1er janvier 1847, la prison compte 320 détenus, dont 245 esclaves. La surpopulation atteint alors un taux de près de 700 %. Sur ses dernières années d’activité, Juliette Dodu comptait près de 300 détenus pour 110 places. Une mission parlementaire qualifie le centre pénitentiaire de "honte de la République".
Tags, dortoirs, lits superposés... chaque élément est encore imprégné d’histoire. Une histoire qui s’est achevée fin 2008 dans la tension. Quelques jours avant la fermeture, plusieurs dizaines de détenus s’étaient rebellés, refusant d’être transférés vers les centres pénitenciers de Domenjod et du Port, plus récents et donc plus sécurisés.
Incendies, jets de galets, agressions de surveillants... les détenus redoutent le changement de leurs habitudes, pour la plupart illégales, notamment la fin des passages de produits illicites.
En août 2013, des fouilles archéologiques sont entamées. Des vestiges datant du XIXe siècle permettent de retranscrire la vie des premiers détenus de la prison. Le site a également régulièrement servi de terrain d’entraînement aux forces de l’ordre ces dernières années.
Le projet, présenté ce mercredi, offrira un autre visage à ce centre de détention historique, tout en préservant son patrimoine.