Présent hier sur le Stade de la Redoute, le Président du Comité organisateur du Grand Raid affichait sa satisfaction devant le bon déroulement des préparatifs de la course. Dans une interview pour Linfo.re, Robert Chicaud qui tient les rênes de la Diagonale des Fous depuis des années, a insisté sur la question environnementale. Plus question en effet que les coureurs abandonnent leurs déchets aux bénévoles. Pour Robert Chicaud, "il doit y avoir une réaction personnelle".
Linfo.re : A quelques heures du départ du Grand Raid, peut-on considérer que tout est fin prêt pour le coup d’envoi de l’épreuve ?
Robert Chicaud : Cette compétition a beau s’étendre sur 4 jours, il faut être conscient que les équipes travaillent d’arrache-pied durant toute l’année pour solliciter les partenaires, établir le tracé, obtenir les autorisations de passage, organiser la venue des coureurs étrangers et accomplir les autres démarches, nombreuses, essentielles à la mise en place d’un tel événement.
Nous sommes à quelques heures du coup d’envoi du Grand Raid. La course fêtera cette année ses 18 printemps, autant dire que l’organisation est bien rodée. Mercredi matin, l’ensemble des participants à la Diagonale des Fous et au Trail de Bourbon ont reçu les derniers conseils des équipes encadrantes. Ils sont désormais parés à attaquer les 163 kms qui relient le site du Cap Méchant à Saint-Philippe au Stade de la Redoute, à Saint-Denis.
Linfo.re : Le Grand Raid a souvent été accusé de concourir à la pollution des sites naturels réunionnais. Quelles sont les mesures que vous avez dû prendre pour faire taire vos détracteurs ?
Force est de constater que ces accusations persistent, malgré les efforts fournis au fil des différentes éditions. Nous avons effectivement observé que certains coureurs ne respectaient pas l’environnement dans lequel ils évoluaient. Pour autant, il convient de rappeler que la Diagonale des Fous ne peut pas endosser la complète responsabilité de la pollution des sentiers. Concernant cette épreuve, nous avons pris le problème à bras le corps. Les différentes conventions que nous avons signées avec les communautés de communes (CIREST, CINOR) nous permettront de trier et traiter au mieux les déchets produits sur la course.
Mais cela n’est pas suffisant bien sûr. Le respect est primordial et nous entendons sensibiliser nos coureurs à l’importance de préserver les sites naturels uniques, qui composent le paysage réunionnais. Les années précédentes, les bénévoles mobilisés sur le terrain, qui abattent un travail très important devaient également s’acquitter du ramassage des détritus abandonnés par les raideurs.
Aujourd’hui nous voulons faire comprendre à ces sportifs qu’ils doivent effectuer une démarche personnelle et se responsabiliser. Par ailleurs, pour éviter que des accusations gratuites pleuvent après le Grand Raid, nos équipes chargées du nettoyage des sites ont effectué un état des lieux "d’entrée", avec une série de photos à l’appui. Ces documents seront remis aux responsables des sites à la fin de l’épreuve et serviront à attester du travail fourni par les agents de propreté.
Linfo.re : Pour cette édition 2010, le parcours a été rallongé d’une quarantaine de kilomètres. Qu’est-ce qui a motivé ce changement ? Pensez-vous que cette modification ait reçu l’approbation des compétiteurs ?
Avant tout, je voudrais préciser que cette modification du parcours est assez indépendante de notre volonté. Pour être clair, nous avions coutume de traverser l’un des habitats du tui-tui, espèce endémique de la Réunion, dont l’extinction est programmée.
Les agents du Parc Naturel ont observé deux nouveaux nids de tuit-tuit (nom scientifique : le Coracina Newtoni) au niveau du site des Boeufs morts. Dans la mesure où il ne reste qu’une vingtaine de nids à ce jour, nous avons convenu avec le Parc Naturel d’emprunter une autre route. Cette action est en accord avec notre politique de toujours, qui tend à donner la priorité à l’environnement. D’autre part, l’article 28 du code du Grand Raid énonce clairement notre droit de modifier le parcours sans aucun préavis.
Au final, le parcours est rallongé certes. Les raideurs passeront par des terrains privés. Je ne pense pas que cela fasse leur malheur pour autant, bien au contraire. La Diagonale des Fous est un défi, un challenge que plusieurs milliers de locaux et étrangers tentent de relever chaque année. Les difficultés accrues ne devraient que renforcer leur motivation.
Linfo.re : Un petit mot aux coureurs qui s’élanceront ce soir de Saint-Philippe ?
Bon Grand Raid à toutes et à tous !