Le procès de l’horreur se déroule jeudi et vendredi à la Cour d’Assises à Saint-Denis. Jean-Charles Artaban, âgé de 40 ans, est jugé pour des faits de "meurtre sur mineur de moins de 15 ans et actes de torture et de barbarie" ainsi que des violences sur son ex-conjointe, la mère de l’enfant. La première journée d’audience s’est achevée. Les trois protagonistes principaux ont pris tour à tour la parole.
Ouverture jeudi du procès aux Assises de Jean-Charles Artaban. L’homme est jugé pour le meurtre du jeune Mathéo - alors âgé de 3 ans - et actes de torture et de barbarie.
L’homme a pris la parole. Il a reconnu le meurtre mais dit ne plus se souvenir des autres faits. Mathéo a été mutilé et décapité, son corps a été éviscéré puis brûlé.
La mère de Mathéo - aussi victime de violences dans cette affaire - s’est elle aussi exprimé. Elle déplore avoir été "manipulée" par un homme violent.
Retrouvez étape par étape le déroulé de la première journée d’audience.
Jean-François Artaban, le frère de l’accusé
17h30 :
La Défense : "Il parle malbar. Il fait brûler quelque chose devant la porte. C’est une cérémonie malbar. Est-ce qu’il a fait cela ?."
Jean-François Artaban : "Oui."
La Défense : "Vous l’avez entendu parler la langue malbar ?"
Jean-François Artaban : "Oui."
17h25 :
La Défense : "Est-ce que vous pensez que Jean-Charles Artaban était dans son état normal ? Est-ce qu’habituellement, il est comme ça ?"
Jean-François Artaban : "C’est la première fois que je le voyais comme ça."
17h05 :
L’avocat général : "Est-ce que vous avez peur de votre frère ?"
Jean-François Artaban : "Oui."
L’avocat général : "Il a déjà été violent avec vous ?"
Jean-François Artaban : "Des fois."
17h03 :
La Cour : "Vous arrivez à prendre l’enfant une première fois, pourquoi vous ne l’avez pas repris à nouveau ?"
Jean-François Artaban : "Si mi té chap’ pa, n’aurait problème. Li té rod’ tap’ a moin."
16h59 :
La Cour : "Parce que c’est son enfant, vous n’intervenez pas ?"
Jean-François Artaban : "J’ai voulu l’arrêter, il m’a menacé avec un couteau."
16h44 : Comme son frère, comme la mère de Mathéo, à plusieurs reprises, Jean-François Artaban revient sur les déclarations faites pendant l’instruction ou affirme ne plus trop se souvenir de certains détails.
16h41 : "Vers 4 heures du matin, Jasmine crie ’Ouvre la porte’. Je suis parti voir. Il battait l’enfant à terre."
16h37 : "Le soir, il a mangé un rougail saucisses, mais il n’a pas bu de rhum."
Témoignage de la patronne d’une boutique, Mme Robert
16h27 :
Mme Robert : "Les gens avaient peur de lui."
Avocat de la partie civile : "Il faisait fuir les clients ?"
Mme Robert : "Voilà !"
16h27 : "Il était le plus souvent saoul. Je pense qu’il n’est pas fou, ça se voit par son comportement. C’est que lorsqu’il est saoul."
16h26 : "Je voyais souvent l’enfant sur les épaules de Jean-Charles Artaban. Leur relation était normal."
16h25 : "J’ai interdit Jean-Charles Artaban de faire les courses chez moi. C’est quelqu’un d’irrespectueux qui pouvait être violent dans les paroles."
Faits du procès
16h22 : Deux témoins sont visés par des mandats d’amener dont Enrico qui a donné l’alerte lorsque la mère de Mathéo est venue lui dire que Jean-Charles Artaban agressait son fils.
Jean-Charles Artaban témoigne
16h02 : L’avocat général interroge l’accusé.
"Je me souviens avoir tué l’enfant. Après, ce sont les gendarmes qui m’ont donné les détails."
15h52 :
L’avocat de la partie civile : "Vous dites que vous voyez dans votre sommeil des dragons à deux têtes. Est-ce que ce n’est pas plutôt l’image de Mathéo sans tête que vous voyez ?"
15h52 :
L’avocat de la partie civile : "Ce soir-là, vous avez tué un enfant et vous ne vous en rappelez plus. Qu’est-ce qui vous a marqué ce soir-là ?"
Jean-Charles Artaban : "Rien du tout..."
15h48 : "Si j’y pense, je n’arrive pas à dormir."
15h43 : "Ce que j’ai fait, c’est mal."
15h42 :
La Cour : "Comment peut-on faire ça à un enfant de 4 ans ?"
Jean-Charles Artaban : "..."
15h41 : "Peut-être que c’est moi, mais je ne m’en rappelle plus trop."
15h39 : "Je ne me rappelle plus", déclare l’homme à presque toutes les questions de la Cour.
15h37 : L’accusé semble ne se souvenir de rien. Ni de ce qu’il s’est passé ce soir-là, ni de ce qu’il a déclaré au juge d’instruction.
15h34 : "Au début je ne voulais pas croire ce qu’il s’était passé."
15h31 : L’accusé explique avoir appris que Mathéo n’était pas son fils deux ans après la naissance de l’enfant.
15h28 : Le juge lui demande comment il a connu Jasmine
"En 2006. On s’est rencontré dans le chemin."
Experts
15h17 : la dernière médecin légiste à avoir travaillé sur l’affaire s’exprime. "La seule plaie faite avec certitude avant la mort : une à l’arrière du crâne".
Faits du procès
15h09 : La mère de Mathéo durant l’audience respire dans un t-shirt de l’enfant.
14h59 : Le juge lit la déposition de la directrice de l’école de Mathéo. L’enfant n’était pas en cours de novembre 2012 à mars 2013. "Il ne parlait pas beaucoup. Il avait beaucoup de lacunes, son absentéisme n’a pas aidé."
Le témoignage du père de Mathéo
14h40 : La garde était partagée entre le père et la mère. Il explique qu’il n’avait pas tout de suite la démarche pour reconnaître l’enfant car il était seul.
14h37 : Le père de l’enfant répond au président de la Cour d’Assises. Il confirme ses dires lors de l’instruction. Il avait vu Jasmine et l’accusé ensemble, elle l’aurait trompé avec Jean-Charles Artaban.
Reprise du témoignage de Jasmine, la mère de Mathéo
14h31 : La Défense continue d’interroger la victime, aussi témoin. Les avocats veulent savoir pourquoi Jasmine s’est rendu chez Jean-Charles Artaban, pourquoi elle est restée, pourquoi elle n’est pas partie chercher de l’aide plus tôt ? La mère de l’enfant décédé explique qu’elle ne pouvait pas partir par peur qu’il arrive quelque chose à son chéri.
Elle lance à la Défense : "Si Mathéo était là aujourd’hui, il vous l’aurait dit !"
14h28 : "Li l’a di a moin rest’ dehors", explique Jasmine, obligée de rester dans la cour pendant que Jean-Charles, son frère Jean-François, leur mère et le petit Mathéo sont dans la maison.
La Défense : "Vous étiez seule, vous auriez pu partir !"
Jasmine : "Il ne voulait pas me laisser partir sans mon enfant."
14h24 : Pendant le témoignage de Jasmine, l’accusé Jean-Charles Artaban prend la parole : "Je peux aller aux toilettes, j’ai mal au ventre."
Il s’absente et finit par revenir une dizaine de minutes plus tard.
14h20 : La Défense continue d’interroger la victime sur les raisons de sa présence dans la maison de l’accusée. Jasmine perd le fil et semble s’énerver. Le juge demande aux avocats de la Défense de "baisser le ton".
14h17 :
La Défense : "Vous êtes une femme qui boit de l’alcool."
Jasmine : "C’est lui qui me forçait !"
La Défense : "Vous ne buvez pas quand il n’est pas là ?"
Jasmine : "Si, mais pas tous les jours."
14h16 :
La Défense : "Malgré ce viol, vous continuez à aller le voir ?"
Jasmine : "Comme je vous le dis, je suis une femme manipulée !"
Experts
14h00 : un deuxième médecin légiste s’exprime : "Aucune des fractures n’est marquée par le broiement caractéristique de la mâchoire des chiens."
En clair, même si le corps de Mathéo a été abandonné éviscéré dans le parc à chiens n’a pas été touché par les chiens. Pourtant, des organes de l’enfant n’ont pas été retrouvés par les experts.
12h15 : Mathéo éviscéré : "L’éviscération pourrait se faire à mains nues", précise la médecin légiste, répondant à la question du président de la Cour d’Assises.
12h00 : Une première médecin légiste s’exprime. "Au moment où Mathéo a été brûlé, il ne respirait plus."
Enquêteurs
11h51 : le directeur adjoint de l’enquête témoigne à son tour. Il précise que Jean-Charles Artaban avait déploré l’infidélité de Jasmine et qu’il soutenait financièrement son ex-compagnon et le petit Mathéo.
11h43 : "Jean-Charles Artaban était recherché par les gendarmes" explique le directeur de l’enquête. Un mandat d’arrêt avait été prononcé dans le cadre d’une autre affaire. Les militaires avaient tenté de l’interpeller quelques jours avant le drame.
11h30 : Le directeur de l’enquête précise : "Les gendarmes arrivent à 6 heures du matin. Les militaires croisent un homme armé d’un sabre et d’un galet qui leur dit ’personne n’entre ou ne sort. L’interpellation est faite à 6h45, sans violence contre les gendarmes."
11h20 : Le directeur de l’enquête, qui a mené les auditions de Jean-Charles Artaban explique une attitude étrange en garde à vue :
"Il était fou, - il chantait, il se levait et se rebaissait. Il était complètement ailleurs. Mais redevenait normal à la fin de l’audition."
11h00 : le directeur de l’enquête présent le jour du drame évoque une affaire loin d’être commune de par l’âge de la victime mais aussi l’importance des mutilations sur l’enfant.
10h30 : D’après les conclusions tirées par le directeur de l’enquête, la dispute - les premiers cris - a commencé à 3 heures du matin et continue jusqu’à 5 heures.
Jasmine, la mère de Mathéo
10h00 :
Président de la Cour d’Assises : Pourquoi n’êtes-vous pas partie avant les violences ?
"Parce qu’il m’en a empêché. J’ai demandé de l’aide dès l’après-midi dans la cour mais personne n’a bougé le petit doigt."
La Cour précise que cet appel à l’aide n’avait pas été décrit lors des dépositions pendant l’instruction.
Avant que les violences commencent, cette nuit-là. la mère de Mathéo explique que l’accusé avait d’abord versé une bouteille de rhum sur la couette où elle dormait avec son fils. Puis il a uriné son ex-conjointe.
9h55 : La mère de Mathéo s’exprime :
"Il était toujours violent. Il m’empêchait de sortir. J’habitais avec lui et je n’avais pas encore d’enfant. J’étais suivi par une gynécologue. On a essayé de faire des examens pour avoir un bébé et les choses s’aggravaient. Il a commencé à me taper dessus. Je l’ai quitté. Il était toujours avec moi."
"Il voulait qu’on reste des amis. Je l’ai cru. Il m’a dit que sa mère était malade. Je suis venu avec mon petit chéri. Quand j’ai voulu rentrer chez moi, il ne m’a pas laissé. Mathéo était asthmatique, il n’était pas bien."
Pendant une grande partie du témoignage, Jean-Charles Artaban a la tête baissée, le regard rivé sur le sol.
9h39 : Le profil de la victime, la mère de Mathéo, est dressé. "Elle est présentée comme généreuse" lors d’une enquête de voisinage. Mais il s’agit aussi une femme qui a connu une période d’alcoolisation importante. "C’est une bonne mère", selon l’enquête menée, "mais elle n’arrive pas à s’assumer elle-même. C’est pour cela qu’elle cherche toujours un compagnon."
Début de l’audience
9h33 : Jean-Charles Artaban reconnaît avoir tué Mathéo. "Oui, c’est moi. Mais ce n’est pas normal que je ne m’en souvienne pas trop."
Pour les actes de barbarie : "Je ne me souviens pas."
9h11 : L’audience est levée le temps que la Cour statue sur cette demande. Le Procureur général a lui assuré que cette requête de la Défense n’était pas justifiée.
9h00 : Plusieurs arguments avancés par la Défense : Jean-Charles Artaban avait notamment été interné 4 jours après son arrestation et avant sa mise en examen.
8h58 : La Défense demande une contre-expertise psychiatrique. Cela impliquerait un renvoi du procès.
8h52 : le frère de l’accusé, Jean-François Artaban, dont la version des faits corrobore celle de la victime, n’est pas présent à l’audience.
8h44 : Le jurés ont pris leur place.
8h30 : L’audience est ouverte.