Les acteurs du secteur du BTP veulent manifester demain pour alerter les pouvoirs publics sur la crise qui touche ce pilier économique de La Réunion. Un patron explique sa situation actuelle et un économiste évoque les pistes de travail pour relancer l’activité.
Les acteurs du secteur du BTP (Bâtiment et travaux publics) ont décidé de se mobiliser ce mardi 5 septembre. Les patrons et les salariés seront ensemble dans la rue pour faire entendre leurs revendications.
Luc Bègue, clôturiste, évoque sa situation : "Le BTP est en crise. Cela fait depuis déjà pas mal d’années qu’on se rend compte que les commandes publiques sont de plus en plus rares. Dans notre domaine, on est dans le second oeuvre, s’il n’y a pas des commandes dans le gros oeuvre, on ne fait rien du tout. On a un cahier de commandes en berne. J’ai licencié 5 personnes en un an, c’est assez grave. On va dans le mur. On a même pas fait la moitié du chiffre d’affaires de l’année dernière."
Une assemblée plénière du Haut conseil de la commande publique à La Réunion a fait le point sur la situation au début de l’année.
L’organisme précise que la commande publique représentait 85% du chiffre d’affaires du BTP à La Réunion en 2016 : soit 1,1 milliard d’euros, un chiffre qui a doublé par rapport aux années précédentes.
L’Etat a fait des efforts financiers en 2016 au niveau des subventions et aides fiscales. Le projet de loi de programmation sur l’égalité réelle en outre-mer devra amplifier les axes de travail.
Philippe Jean-Pierre, professeur d’économie à l’Université de La Réunion, s’exprime sur le sujet : "Le secteur connaît une stabilisation à un niveau beaucoup plus faible à celui qu’il avait connu au début des années 2000. Il faut se rappeler que de 2000 à 2008, le secteur avait connu une envolée grâce à un alignement des planètes : la route des Tamarins, les mesures de défiscalisation et les constructions privées."
Il ajoute : "L’effort réalisé par les pouvoirs publics n’a jamais été aussi conséquent. En revanche, la dépendance du BTP à la commande publique est devenu de plus en plus important. Ce qui s’est effondré, c’est les logements et constructions privés qui n’ont pas retrouvé leurs niveaux d’avant 2007 du fait du changement des mesures fiscales."
Philippe Jean-Pierre explique : "Il faut travailler sur la facilitation d’accès au marché public par le privé. C’est du côté de la construction du logement privé qu’il faut rechercher une manne plus durable."