Depuis plus d’un an, c’est l’association VHU Réunion qui organise la collecte et la destruction des véhicules hors d’usage (VHU). L’association est la cheville ouvrière d’une toute nouvelle filière à responsabilité élargie des producteurs, dite REP, qui compte plusieurs acteurs dont notamment les collectivités locales. Celles-ci n’ont plus à financer l’activité, les avancées législatives en matière de développement durable ont redirigées la facture vers les constructeurs automobiles.
Les véhicules abandonnés font malheureusement partie du paysage local. Véritables verrues urbaines, ils posent aussi un problème de santé publique. La lutte contre la dengue, qui connaît actuellement une forte recrudescence, passe inévitablement par l’enlèvement de ces nids à moustiques. Chaque année, ce sont ainsi 5 000 épaves qui sont récupérées dans les quatre coins de l’île pour être détruites. Jusqu’en 2020, seules les collectivités en avaient la responsabilité, avec le soutien technique des centres de traitement agréés qui avaient obtenu les marchés publics.
La donne a changé depuis la publication en 2017 du décret sur la gestion des véhicules hors d’usage abandonnés sur les territoires d’outre-mer, qui fait suite au rapport du député martiniquais Serge Letchimy de juillet 2015. Avec ce décret, les constructeurs automobiles se trouvent dorénavant en première ligne dans l’organisation et le financement de la collecte et de la destruction des VHU abandonnés, etpour lesquels aucun certificat de propriété ne peut être fourni.
Comme pour la collecte des pneus et des batteries usagés, c’est une filière à responsabilité élargie du producteur, dite REP, qui en a dorénavant la charge. Les collectivités n’ont donc plus à lancer des appels d’offres, elles ont pour interlocuteur principal la nouvelle filière REP. Celle-ci est née en janvier 2019, sous le nom de VHU Réunion. Suite à la création administrative de VHU Réunion, son responsable, David Pincepoche, a rencontré l’ensemble des collectivités et intercommunalités en vue de nouer des partenariats.
De la première signature de convention avec la Cirest courant 2019, VHU Réunion compte aujourd’hui comme partenaires 20 communes et les 5 intercommunalités de l’île. Grâce à leurs actions conjointes, ce sont 1 634 épaves de voitures sur les 5 000 enlevées en moyenne chaque année qui ont été récupérées en 2020 par la nouvelle filière REP. "C’est un début prometteur, souligne David Pincepoche. Nous espérons atteindre notre vitesse de croisière rapidement, entre 8 à 10 000 épaves par an. Mais pour cela, il nous faut compter sur davantage de partenaires, notamment les bailleurs sociaux, car les VHU sont de plus en plus à l’abandon au pied des logements sociaux."
Après l’enlèvement, ces épaves sont dépolluées par les centres de traitement agréés, puis soit compactées soit broyées, avant de prendre la direction d’une aciérie en Inde. Sur la moyenne d’enlèvement annuel de 5 000 VHU, La Réunion exporte ainsi vers l’Inde quelque 3 000 tonnes d’acier chaque année.
Et toute cette nouvelle filière d’acteurs, de l’enlèvement à la destruction, est financée par les 22 marques automobiles présentes sur le marché national, en fonction de leur part de marché. Plus elles vendent de voitures neuves, plus elles financent VHU Réunion, et ce, pour une moyenne de 200 euros par VHU abandonné. Le budget global de VHU Réunion s’est ainsi élevé à environ 320 000 euros pour sa première année d’exercice.