Selon les estimations de Météo France, il y a une probabilité de 60 % de connaître une saison cyclonique 2016-2017 d’activité inférieure à la normale pour le Sud-Ouest de l’océan Indien.
"Nous estimons qu’il y a une probabilité de 60% de connaître une saison cyclonique 2016-2017 d’activité inférieure à la normale. Il existe aussi une probabilité de 30% que la saison soit finalement proche de la normale et une probabilité de seulement 10% de connaître une saison plus active que la normale", indiquent les services de Météo France.
Dans les détails, cela se traduirait par un nombre total de tempêtes et de cyclones sur la saison, inférieur ou égal à 8 (saison peu active qui se rencontre en moyenne une fois tous les 4 ans). Météo France de préciser que cette "prévision inclut les 2 systèmes atypiques et « horssaison » déjà passés (ABELA, 1ère forte tempête tropicale observée en juillet et BRANSBY, 1ère dépression subtropicale observée au mois d’octobre)".
Ce résultat s’appuie principalement sur le maintien pour une grande partie de la saison, de conditions anormalement sèches, en moyenne, au sein de la zone privilégiée de formation des systèmes dépressionnaires tropicaux.
"A l’échelle du globe, l’important épisode El Niño de fin d’année 2015, qui avait été le moteur principal de la variabilité climatique, s’est achevé à la fin du premier trimestre 2016.
Depuis, les conditions atmosphériques et océaniques sont revenues à des valeurs normales dans le Pacifique équatorial tout en étant proches actuellement des seuils d’un faible épisode La Niña.
Au cours de la prochaine saison cyclonique de l’hémisphère Sud, des conditions neutres ou un faible épisode La Niña sont envisagés. La faiblesse de ce signal suggère que, contrairement à l’année dernière, l’ENSO (El Niño Southern Oscillation, acronyme qui désigne l’ensemble des phases du phénomène, à savoir chaude pour El Niño et froide pour La Niña) ne devrait pas être le moteur principal de la variabilité climatique à l’échelle globale.
Dans ce cas, ce sont alors les phénomènes régionaux à l’échelle de l’océan Indien, qui peuvent prendre le pas pour devenir le moteur de la variabilité climatique régionale. Le Dipole de l’Océan Indien (DOI ou IOD en anglais), qui traduit des anomalies de circulations atmosphériques et océaniques entre l’est et l’ouest de l’océan Indien équatorial, a connu durant l’hiver austral, une amplitude record associée à des conditions anormalement sèches sur l’ouest du bassin (avec des températures de surface de la mer plus fraîches) et des conditions plus humides sur l’est du bassin et l’Indonésie (avec des températures de surface de mer plus élevées).
Le composante océanique de cette oscillation est, comme à chaque printemps austral, en voie de déclin et devrait complètement s’estomper d’ici la fin de l’année. La configuration atmosphérique, elle, reste bien en place et devrait le rester une bonne partie de l’été prochain en liaison possible avec le contexte global proche La Niña, qui a une réponse similaire.
Ces anomalies sèches sur l’océan Indien tropical central notamment, devraient s’accompagner
de l’établissement tardif du flux de mousson alimentant en humidité la Zone de Convergence Intertropicale (ZCIT), lieu de formation privilégié des phénomènes cycloniques sur le Sud- Ouest de l’océan Indien. D’autre part, on devrait aussi observer des pressions atmosphériques plus élevées que la normale sur une grande partie ouest et centre du bassin, signes de masses d’air en moyenne moins sujettes à pouvoir développer des orages ou des fortes pluies.
Avec l’atténuation graduelle du Dipole de l’océan Indien, on peut raisonnablement penser que ces conditions anormalement sèches au sein de la ZCIT pourraient devenir moins marquées en deuxième partie de saison. L’incertitude sur ce point est encore assez grande à l’heure actuelle."