La garde des Sceaux déplore que la gauche ait renoncé à l’idéal et aux utopies au nom du pragmatisme. Pour elle, la gauche a commis une faute en adoptant les mots de la droite.
Interrogée par L’Obs sur les raisons des succès du Front national, la ministre de la Justice a répondu que la gauche a subi depuis une dizaine d’années des défaites culturelles et sémantiques terribles. Elle a adopté les mots de la droite, et c’est une faute, parce qu’elle a cru qu’elle devait constamment démontrer ses capacités gestionnaires. "Elle a renoncé à l’idéal, aux utopies", se désole-t-elle.
Selon Christiane Taubira, la gauche a voulu montrer qu’elle faisait toujours des choses équilibrées, ce qui est exactement le contraire du mouvement, et qu’elle était pragmatique, un qualificatif qui est vraiment un parent "très pauvre de la politique".
Lorsque L’Obs lui fait remarquer que le pragmatisme est le mot que Manuel Valls utilise pour définir la gauche moderne, elle se dit solidaire de l’action du premier ministre, mais ce n’est pas le vocabulaire dans lequel elle puiserait pour définir la gauche.
Pour autant, Christiane Taubira ne croit pas que la gauche puisse mourir, "l’idéal de la gauche, c’est-à-dire la lutte contre les injustices, les inégalités, le souci de la justice sociale, ne peut pas disparaître", estime la garde des Sceaux.
Elle assure que toute l’action du gouvernement va dans ce sens, évoquant le plan de lutte contre l’exclusion et la pauvreté, le plan pour les quartiers et le développement des bourses. Elle soutient la politique économique mise en œuvre. "Le gouvernement a choisi de relancer l’activité économique, car la prospérité est la condition de la redistribution", dit-elle.