Une mission menée par l’union des investisseurs saoudiens souhaite investir dans l’industrie agroalimentaire malgache. Ils apportent deux milliards de dollars et proposent des minoteries, huilerie et sucrerie. Objectif : faire baisser de 40 % les prix de ces produits de première nécessité. Une délégation aussi intéressée par le développement des télécommunications, du tourisme et de l’hôtellerie.
On avait annoncé la venue des Émirats arabes, mais ce sont finalement des Saoudiens qui ont débarqué dans la grande île. Conduite par Sheikh Nasser bin Abdulaziz al-Mushaigheh, présenté comme président de l’Union des investisseurs saoudiens, la délégation est composée de cinq membres parmi lesquels, le vice-président de l’Union des investisseurs, Naji Kamil, et un Directeur général de société, Haymal Souleiman. Les investisseurs saoudiens en visite de prospection dans la Grande Ile ont rencontré le Président de la Haute Autorité de Transition (HAT) malgache, Andry Rajoelina au palais d’Etat d’Iavoloha à Antananarivo. Ils ont signé un document instituant "une coopération et dans certains cas un partenariat pour le commerce et le développement économique de Madagascar".
Les secteurs visés sont l’agroalimentaire, l’énergie (pétrole et gaz), l’électricité, le tourisme, les infrastructures, le transport, l’éducation et la formation. "Nous ne parlons pas encore de montant, mais ce sera gros", déclare Sheikh Nasser. "Il y a une intention initiale d’investir deux milliards de dollars à Madagascar", a avancé Andry Rajoelina. L’Union des investisseurs saoudiens s’est présentée comme une organisation privée qui cherche à investir en Afrique. "Madagascar est proche des pays arabes, et ils ont besoin de beaucoup de choses ici", a expliqué le responsable, qui assure ne pas s’inquiéter de l’instabilité du pays, qui vit une crise politique depuis janvier.
Selon l’entourage de la délégation arabe, des cargaisons de farine, de sucre, de ciment et d’huile de 25.000 tonnes chacune devraient arriver dans l’île d’ici quelques semaines. "C’est pour montrer notre bonne volonté, le Sheikh était vraiment ravi depuis qu’il est arrivé", explique Amady Salimo, l’un des conseiller de la délégation saoudienne. Les Saoudiens assurent pouvoir vendre 40% moins cher que les tarifs locaux actuels. "Ce n’est pas un coup de baguette magique, c’est par rapport aux études que l’on a fait", rapporte un conseiller du Sheikh Nasser. "Madagascar n’entend pas donner de faveurs spéciales (en terme de détaxation), ils disent qu’ils ont une meilleure offre par rapport aux produits", confirme Andry Roindefo.
"Si les projets s’insèrent dans un développement durable respectant toutes les normes, il n’y a pas d’ambition mal placée. Il y a une ambition mal placée si on veut simplement acheter Madagascar et qu’on laisse pour compte les Malgaches", a-t-il répondu face aux incertitudes entourant ces investissements. Des accords concrets, sous forme de prêts à l’Etat malgache ou d’investissements directs, doivent être signés dans les quatre prochains mois par les deux parties. Plusieurs organisations internationales ont suspendu Madagascar, où le président de la République Marc Ravalomanana a été évincé du pouvoir au profit du régime de transition dirigé par Andry Rajoelina.
Cependant cette annonce en pleine crise économique est commentée dans la grande île de façon diverses : « Contrairement aux précédentes opérations de recherche de financements tel du temps de la Haute Autorité de l’Etat (HAE), elle a surpris plus d’uns. On s’attendait à des Arabes des Emirats arabes. La surprise est encore plus grande avec ce portefeuille de deux milliards de dollars. En plus la promptitude et les promesses de vie moins chère surtout au moment où le monde est encore sous le coup de la crise. Mais que demande le peuple ? » écrit la Tribune de Madagascar. Le premier ministre malgache, Monja Roindefo a dû donner plus de détails sur la nature de la relation entretenue par son gouvernement avec ces investisseurs saoudiens. Selon ses dires « il s’agit d’un investissement comme tant d’autres et le gouvernement de transition n’a aucunement l’intention de rompre ses relations avec les bailleurs de fonds traditionnels ».