Faute de soins, une centaine de malades mentaux sont morts entre mars et décembre 2016 selon une enquête officielle. Les établissements sanitaires où ces patients ont été transférés sont décrits comme des "camps de concentration".
Une enquête officielle a déclenché, mercredi 1er février, un scandale en Afrique du Sud en révélant qu’une centaine de malades mentaux étaient morts en 2016 faute de soins adaptés. Le rapport dénonce entre autres des conditions de transfèrement de patients traités "comme dans un marché à bestiaux". L’enquête a été réalisée par le médiateur en charge des questions de santé, Malegapuru Makgob et recense au moins 94 patients décédés de déshydratation, diarrhées ou de crises d’épilepsie. "Pas de fusils, 94 morts silencieux, et le décompte n’est pas fini", relate le médiateur devant la presse.
Les décès ont eu lieu entre mars et décembre 2016 après le transfert en urgence des patients d’un hôpital psychiatrique de Johannesburg, le centre médical Life Esidimeni, vers 27 centres de soins. Selon le rapport, le transfert a été réalisé pour "faire des économies". Pourtant, ces centres de soins, tenus par des ONG, sont de "piètre qualité". Les patients auraient été traités dans des conditions déplorables comme "dans un marché aux bestiaux". Le médiateur dénonce également leurs conditions de séjour dans leurs nouveaux centres de soins, souvent "mal équipés", privés de chauffage et surchargés, où ils n’ont parfois pas reçu assez à manger et à boire.
UN experts call on SA to establish clear plan after deaths of Esidimeni patients https://t.co/t4eQuUbg1O pic.twitter.com/kf03uzgaTB
— Eyewitness News (@ewnupdates) 3 décembre 2016
Le médiateur Malegapuru Makgob a détaillé devant la presse quelques faits incohérents. Huit patients seraient par exemple morts dans un centre de soins à Pretoria, certains se seraient jetés de la fenêtre du cinquième étage d’un immeuble. D’autres dormaient sur le sol ou auraient été sous-alimentés. Il souligne par ailleurs que les établissements ont été "sélectionnés de façon mystérieuse" et se sont avérés incapables "de faire la différence entre les nécessités d’assurer des soins professionnels spécialisés (...) et une simple opportunité financière". Certains témoins les ont assimilés à des "camps de concentration", a insisté l’auteur du rapport.