Selon une enquête de l’INSEE portant sur les comportements alimentaires des Réunionnais, on constate sur l’île un excès de consommation d’huile et de riz. De plus, cette enquête révèle un "déficit de fruits et légumes" dans l’alimentation quotidienne des Réunionnais.
Les ménages réunionnais consacrent "18 % de leur budget à l’achat de produits alimentaires". Et selon l’enquête de l’INSEE, "ces achats sont réalisés à 79 % en grandes surfaces".
Les comportements alimentaires des Réunionnais analysés
Premier constat réalisé par l’INSEE : un excès d’huile et de riz et
un déficit de fruits et légumes dans la consommation des ménages réunionnais.
Autre constat : "Les marchés restent attractifs pour les fruits et les légumes alors que les petits commerces de proximité sont dédiés aux achats de dépannage".
Près d’un ménage réunionnais sur cinq produit lui-même une partie de son alimentation, ce qui lui permet de doubler sa consommation de produits frais.
L’INSEE souligne que l’alimentation est marquée par un excès de consommation de riz et d’huile et un déficit en fruits et légumes, notamment pour les ménages les plus modestes. "Ces comportements alimentaires induisent un risque d’obésité et de diabète qui sont un enjeu majeur de santé publique à La Réunion".
En 2011 : "les ménages réunionnais consacrent en moyenne 334 € par
mois à l’achat de produits alimentaires et de boissons non alcoolisées".
L’alimentation pèse plus dans leur budget
que pour les ménages métropolitains (18 % contre 16 %). Cette part est stable par rapport à 2006, alors qu’elle avait reculé de deux points entre 2001 et 2006 passant de 20 % à 18 %. Les ménages consacrent par ailleurs 25 € par mois aux boissons alcoolisées.
À La Réunion comme en France métropolitaine, la part du budget alloué à l’alimentation diminue avecle revenu. Les ménages les plus aisés n’y consacrent que 14 % de leur budget (soit 485 € par mois) contre 25 % pour les plus modestes (248 € par mois).
Les achats alimentaires sont réalisés principalement en grandes surfaces
Les ménages réunionnais achètent "79 % de leurs aliments en grandes surfaces. C’est plus qu’en France métropolitaine (72 %) malgré une implantation des grandes surfaces deux fois plus faible".
La part de marché des grandes surfaces dépasse 90 % par exemple, le lait,
les fromages, les oeufs, les boissons, les huiles et les graisses.
"Quelques produits comme le pain, les aliments pour enfants ou les produits diététiques ont cependant des parts de marché inférieures à 80 %. La moitié des fruits frais et 41 % des légumes frais sont achetés en grandes surfaces" souligne l’INSEE.
Tous les ménages achètent en grandes surfaces quel que soit leur revenu. "Les plus modestes fréquentent toutefois plus les maxidiscomptes où ils réalisent 10 % de leurs achats alimentaires contre 5 % pour les plus aisés".
Peu d’achats dans les commerces spécialisés
Les Réunionnais achètent deux fois moins souvent qu’en France métropolitaine dans des commerces de détail spécialisés (8,5 %
contre 15 %).
"Ces commerces (boulangerie, boucherie, etc.) sont pourtant plus nombreux sur l’île (10,8 pour 10 000 habitants contre 9,5 en métropole). Les écarts de revenu par rapport à la métropole peuvent expliquer cette faible fréquentation".
L’INSEE ajoute qu’avec 36% de part de marché sur le pain, les viennoiseries et les gâteaux, les achats en boulangeries et pâtisseries progressent de 7 points depuis 2006. Leur part de marché reste toutefois inférieure à celle de
métropole (47 %) malgré une implantation trois fois plus importante à La Réunion.
Les magasins de primeurs, également trois fois plus nombreux sur l’île, captent 20 % des achats des ménages en fruits frais et 18 % en légumes frais. Leur part de marché est supérieure à celle de la métropole (respectivement 15 % et 12 %).
Les autres magasins spécialisés sont moins fréquentés
Les Réunionnais achètent deux fois moins qu’en France métropolitaine de la viande fraîche et de la charcuterie chez le boucher (12 % et 7 %, contre 25 % et 13 %). Il en va de même, pour le poisson frais (12 %
acheté en poissonnerie contre 26 % en métropole).
En revanche, les Réunionnais achètent plus souvent en pharmacie les aliments pour jeunes enfants et les produits diététiques (25 % contre 16 % en métropole).
Les Réunionnais achètent leurs produits alimentaires autant qu’en France métropolitaine dans des marchés forains ou couverts (4,7 %).
"Ils vont y chercher surtout des légumes frais 34 % de part de marché contre 16 % en métropole). Les fruits frais représentent quant à eux 27 %, pour 17 % en métropole (encadré 1). En revanche, ils y achètent moins souvent que les métropolitains le pain, la charcuterie, les fruits de mer, le lait, les fromages et les oeufs".
Les achats de dépannage sont réalisés dans les petits commerces d’alimentation générale
Malgré une implantation deux fois plus importante, les petits commerces d’alimentation générale ont une part de marché comparable à la France métropolitaine (4 %). Ils occupent une place plus importante pour des
achats de produits de consommation courante comme la bière (9 %), les boissons gazeuses (8 %), l’huile (9 %), le riz, les pâtes, la farine ou le pain (6 %).
"Les ménages les plus modestes achètent plus de produits alimentaires dans ces commerces que les ménages les plus aisés (7 % contre 3 %)". L’INSEE souligne que la proximité, pour des ménages faiblement équipés en automobile, ainsi que la possibilité d’achats à crédits via un cahier de comptes avec un règlement en fin du mois expliquent probablement cet écart.
Autre commerce de proximité, les stations services captent une part plus importante des achats alimentaires qu’en France métropolitaine
(0,7 % contre 0,1 %) avec des parts de marché plus élevées pour les boissons gazeuses (4 %), le pain (3 %), et la bière (3 %).
Les ménages qui autoconsomment doublent leur consommation en produits frais. 18 % des ménages réunionnais complètent leur alimentation en consommant des aliments qu’ils produisent eux-mêmes ou cueillent. C’est particulièrement le cas des ménages qui disposent d’un jardin. Cette autoconsommation ne se substitue pas aux autres achats. Elle double leur consommation en produits frais : fruits, légumes, lait, fromage, oeufs et viande.
Valorisée aux prix des achats alimentaires, elle atteint en moyenne 337 € par an et par ménage, variant de 110 € pour les ménages ne possédant pas de verger ou de potager à 1553 € pour ceux qui en possèdent. Les Réunionnais produisent pour eux-mêmes essentiellement des fruits (38 % de leur autoconsommation), des légumes (31 %), de la viande (16 %), des produits laitiers et des oeufs (11 %).
Les marchés et les primeurs, attractifs pour les fruits et légumes
Les Réunionnais prennent un soin particulier dans l’achat de leurs fruits et légumes frais. "Ils en achètent la moitié sur les marchés ou dans les magasins de primeurs, soit une part beaucoup plus élevée que les métropolitains (+ 16 points pour les fruits frais et + 25 points pour
les légumes frais)".
Les couples avec enfant(s) et les ménages âgés réalisent plus de la moitié de leurs achats en fruits et légumes frais chez le primeur ou au marché (55 % et 57 %), les plus âgés privilégiant le marché (43 %).
"Lieu de lien social et de tourisme, le marché est également le lieu privilégié pour rencontrer des producteurs locaux" précise l’INSEE. Ainsi, les ménages réunionnais y achètent "43% des légumes tels que les tomates, haricots verts ou courgettes, 40 % des bananes fraîches et 37 % des fruits tropicaux frais (hors avocats) mais seulement 11 % des pommes".
Le carry reste très consommé par les ménages les plus modestes
À La Réunion, la consommation alimentaire varie fortement en fonction des niveaux de vie et certains aliments constituent des marqueurs
sociaux.
"Les ménages réunionnais les plus modestes ont une alimentation plutôt traditionnelle (carry) caractérisée par une consommation élevée d’huile et de riz et une sous-consommation de fruits et légumes" souligne l’INSEE. Ceux aux revenus moyens, dont beaucoup de ménages avec enfants, ont également une alimentation plutôt traditionnelle, mais "avec une consommation élevée de produits et boissons sucrés".
Quant aux ménages les plus aisés, leur comportement alimentaire est de type méditerranéen (légumes, huile d’olive, fruits). Mais ils consomment
aussi beaucoup de boissons sucrées. "Ce comportement est différent de celui des ménages les plus aisés de métropole" souligne l’INSEE.
Une consommation excessive de corps gras
Les Réunionnais achètent plus de matières grasses (huile, beurre, margarine, etc.) : 31 % de plus que les ménages métropolitains.
En particulier, la consommation d’huile est deux fois plus élevée, surtout dans les ménages les plus modestes qui consomment 20 litres d’huile par an contre 8 litres chez les ménages métropolitains les plus modestes.
Autre spécificité, la consommation de corps gras varie selon le niveau de revenu à La Réunion alors qu’elle est stable en métropole.
La consommation de produits sucrés est sensiblement la même à La Réunion qu’en métropole.
Mais la nature des produits consommés est différente. Ainsi, "les ménages réunionnais achètent en moyenne plus de sucre que les ménages métropolitains (+ 15 %) et plus de boissons sucrées (+ 5 %). En revanche, ils achètent moins de produits sucrés élaborés (- 2 %)".