Le projet d’ordonnance relatif à la vacance du poste présidentiel malgache à la veille des élections a créé un vif débat hier en conseil du gouvernement.
L’atmosphère s’annonce très tendue pour le conseil des ministres prévu ce jour au palais d’Etat d’Iavoloha, notamment en raison de la controverse suscitée par un projet d’ordonnance déjà débattu hier en conseil du gouvernement.
Portant sur la vacance de la présidence de la Transition, le texte défendu par le ministre malgache de l’Intérieur, Florent Rakotoarisoa, a divisé les membres de l’Exécutif présents mardi 14 mai.
Les débats tournaient surtout autour des prérogatives d’Andry Rajoelina, ont rapporté les médias locaux. Dans son article 6, le texte stipule que « l’actuel président de la transition conserve les droits et avantages inhérents à ses fonctions jusqu’à l’investiture du nouveau président de la République ».
Ledit article prévoit également le maintien de tous les collaborateurs d’Andry Rajoelina à leur poste respectif.
L’article comporte certaines ambigüités, estime-t-on, notamment sur la notion de « droits et avantages ».
Honoré Rakotomanana, un juriste malgache de renom, s’est exprimé sur le sujet en tant qu’observateur. « Il y a une contradiction flagrante avec le principe général du droit » a-t-il déploré dans le journal "Les Nouvelles", qualifiant le texte d’antinomie juridique. Le fait de maintenir les droits et avantages du président de la Transition alors qu’il est lui-même candidat aux élections « est contraire au principe et au caractère de la loi car c’est personnel. Et c’est un danger car cela signifie une volonté de s’accrocher au pouvoir ». Selon ce juriste, si Andry Rajoelina veut garder ses prérogatives, « il doit garder sa neutralité ».
Une autre disposition du projet d’ordonnance avait été longuement débattue. Il s’agit de l’article 8 qui dit qu’« en cas de report de la date de l’élection présidentielle pour quelle que cause que ce soit, au-delà de 1 mois, la vacance résultant du dépôt de candidature par le président de la Transition prend fin à la date dudit report, et l’exercice des fonctions de chef d’Etat par le triumvirat est suspendu, le président de la Transition reprend les fonctions de chef d’Etat jusqu’à 60j avant le nouveau scrutin ».
Rappelons que par triumvirat, les textes en vigueur entendent une direction collégiale conduite par le Premier ministre Omer Beriziky, Mamy Rakotoarivelo, président du Congrès ainsi que le futur remplaçant du général Dolin Rasolosoa, également candidat à la présidentielle, au poste du président du Conseil supérieur de la Transition (CST).
« La disposition du retour au pouvoir du président de la Transition, tout comme le maintien de ses collaborateurs à leur poste est logique », défend-t-on du côté des proches d’Andry Rajoelina. Mais aux yeux de ses détracteurs, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un moyen pour lui permettre d’avoir encore « un pied à la tête de l’Etat »
Le projet d’ordonnance devrait être rediscuté ce jour en conseil des ministres, annonce la presse locale qui n’écarte aucunement l’hypothèse d’un autre débat houleux entre les membres de l’Exécutif.