A son tour, le Délégué départemental du MOdem-Réunion et Maire de Saint-Leu a livré son analyse des nouvelles mesures du plan de rigueur, dévoilées ce lundi par le Premier Ministre François Fillon. Pour Thierry Robert, ce plan anti-déficit qui affectera le quotidien des classes moyennes et aux petits revenus. Comme les élus du PCR et du PS, Thierry Robert dénonce les mesures "hasardeuses"du Gouvernement qui ne profiteraient qu’aux Français les plus aisés.
" Ce lundi 7 novembre 2011, le Premier Ministre François Fillon a présenté le nouveau plan de rigueur du Gouvernement, qui vise une économie de 7 milliards d’euros. Il s’agit, notamment, d’accélérer la réforme des retraites, d’augmenter de manière ciblée l’impôt sur les sociétés et le taux de TVA réduite dans les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration et du bâtiment, et d’effectuer « un coup de rabot » sur les niches fiscales, dont les investissements productifs outre-mer. Pour nous, comme pour le Président du MODEM François Bayrou, ce plan d’austérité annonce un changement de cap de la part du Gouvernement. François Fillon revient, en effet, sur des affirmations hasardeuses qui avaient été siennes pendant longtemps. Ainsi, l’augmentation du taux de TVA réduite de 5,5 à 7% n’est qu’un exemple qui montre que le Gouvernement fait aujourd’hui exactement le contraire de ce qu’il prétendait.
Ce nouveau « plan anti-déficit » constitue aussi un sérieux manque de justice, dans la mesure où il n’est pas demandé aux plus favorisés un niveau d’effort équivalent à celui qui a été demandé aux classes moyennes et aux petits revenus. Le MODEM a toujours soutenu que la réforme des retraites n’était pas équilibrée financièrement. Or, le Gouvernement retouche, aujourd’hui, à cette réforme qu’il avait prétendu être équilibré pour 20 ans. Mais la mesure que nous trouvons la plus injuste est celle qui remet en cause le pouvoir d’achat des prestations familiales. En effet, le Gouvernement a décidé de revaloriser les allocations familiales et les aides au logement en fonction de la croissance et non plus de l’inflation. Selon le barème habituel, la hausse des prestations familiales qui aurait dû être de 2,3 % au 1er janvier prochain ne sera que de 1 %, à partir du 1er avril 2012. Pour le MODEM-Réunion, il ne peut y avoir de réforme dans une circonstance de crise, comme celle-là, que s’il y a équité et esprit de justice.
François Fillon a aussi annoncé une réduction supplémentaire des dépenses de l’Etat de 0,5 milliards d’euros en 2012, puis d’un milliard d’euros à partir de 2013. Le MODEM-Réunion s’interroge donc sur la part de ces réductions qui incombera aux collectivités territoriales. Le milliard annoncé lors du précédent plan s’était traduit par 200 millions d’euros pour les collectivités. La nouvelle ponction sera-t-elle de 100 millions ? C’est ce qui correspond à l’argumentation de Bercy d’une part de 20 % de dépenses de l’Etat au profit des collectivités. Etant donné leur rôle en matière d’investissement local et leur action en faveur de la cohésion sociale et du maintien de la croissance, nous nous opposons à toute nouvelle ponction sur les collectivités territoriales.
Le Chef du Gouvernement n’a apporté aucune précision sur la façon dont ces mesures seront déclinées en Outre-mer, et plus particulièrement, à la Réunion. Si la hausse du taux de TVA réduite devait s’appliquer dans l’île, elle produirait un impact négatif dans les secteurs concernés, au premier rang desquels se trouvent la restauration, l’hôtellerie, qui sort à peine la tête de l’eau après la crise du « Chycungunia », et le bâtiment, secteur lourdement touché depuis 2 ans par l’instabilité législative et fiscale. Une suppression de la défiscalisation sur le logement social pénaliserait lourdement ce secteur. Nous demandons donc au Premier Ministre de clarifier rapidement sa position sur ce sujet, d’autant plus que la production de logement à la Réunion est en plein chaos. Le Gouvernement doit donc mettre en œuvre des mesures concrètes qui permettent d’assurer la survie de nos entreprises.
A juste titre, le MODEM-Réunion s’inquiète donc des conséquences négatives que les mesures présentées produiront sur les finances de nos collectivités, sur la structure économique, déjà fragile, de la Réunion et sur la vie quotidienne des habitants de notre île. Au final, nous estimons qu’il est davantage nécessaire de mettre en place un plan d’ensemble à la hauteur des enjeux actuels et à venir. "
Thierry Robert
Délégué départemental du MODEM-Réunion