L’incendie qui s’est déclaré ce lundi 11 octobre en forêt primaire ravage le secteur allant du sentier du Grand Bord au sentier du Benare, entre le Maïdo et la caverne de la Glacière. Compte tenu de la situation, l’ensemble des services d’intervention en la personne des sapeurs pompiers, gendarmes, agents de l’Office national des forêts, et du Parc national se sont immédiatement mobilisés.
Actif depuis 3 jours, le feu, en deux foyers, a parcouru environ 350 hectares, alors qu’il avait ravagé 80 hectares 24 heures plus tôt. Le vent très fort qui a soufflé à cet endroit a fait courir le risque d’une progression du feu en direction de la forêt des Bénares et un risque pour le village de Roche Plate, dont les contreforts se situent non loin de l’incendie. Pour autant, le principal objectif a été atteint : Roche Plate a été protégé des flammes.
Le site est difficile d’accès en raison de la dénivellation du terrain. Les bases du foyer se situent à 1 800 m d’altitude, ce qui impose des détachements héliportés. Hier, cinq engins ont survolé la zone. Deux d’entre eux ont procédé à des opérations de reconnaissance pendant que les trois autres effectuaient les largages d’eau. Par ailleurs l’absence de point d’eau à proximité est une difficulté supplémentaire.
Quarante agents de l’Office national des forêts et cent dix sapeurs pompiers sont mobilisés pour tenter de circonscrire le feu. Ils ont à leur disposition 23 camions citerne feux et forêt (CCF) trois hélicoptères bombardier d’eau et deux hélicoptères affectés au transport. L’hélicoptère de la gendarmerie est également engagé dans ce dispositif pour des reconnaissances. Ce sont plus de 250 personnes actuellement engagées dans la lute contre cet incendie.
Ces hommes bénéficieront par ailleurs du renfort de militaires venus de Métropole. Ainsi que l’annonçait hier soir Benoït Huber, Directeur de cabinet du Préfet de la Réunion, hier soir, un expert venu de Mayotte a débarqué à la Réunion pour apporter son aide aux équipes sur site. Comme lui, quatre autres experts dans la lutte contre le feu ainsi que 60 militaires issus des unités d’instruction et d’intervention de la sécurité civile arriveront dans l’île ce jeudi afin de prêter main forte aux soldats en acton depuis lundi. Pour les aider dans leurs missions les hommes du détachement d’intervention spécialisé (DIS) disposeront de 33 M3 de matériel (8 tonnes).
Répondant à une demande du Préfet, le Commandant Supérieur des FAZSOI a donné l’ordre au 2ème Régiment parachutiste d’infanterie de marine de Pierrefonds et au Régiment de service militaire adapté de mettre sur pied deux sections d’une vingtaine d’hommes chacune. Ces deux sections sont chargées d’appuyer les efforts des pompiers du SDIS 974 et de l’ONF. Les soldats du RSMA et du 2ème RPIMa ont pour mission de nettoyer le terrain, d’éteindre manuellement les flammes résiduelles et d’établir des coupes ou des fossés pare-feu.
Pendant la nuit dernière, les moyens humains terrestres mobilisés ont été maintenus. Pour Hervé Houin, Directeur régional de l’Office National des Forêts, si les dégâts sont très importants, on ne peut pas encore parler de situation catastrophique dans la mesure où la banque de graines n’a pas été totalement détruite. Directeur de l’ONF, invité sur le plateau d’Antenne Réunion expliquait en outre que ce type de feu sur les hauteurs de l’Ouest sont cycliques.
Pour Olivier Robinet, cet incendie est un mauvais coup de pub pour la Réunion dont les richesses naturelles venaient à peine d’être reconnues sur la scène internationale. Le Directeur du Parc National a également ajouté que ces événements sont un coup dur pour la biodiversité de notre île, exceptionnelle.
Selon les instances préfectorales qui attestaient hier soir de la progression libre de l’incendie, "il faut s’inscrire dans la durée" et de ce fait, la solidarité nationale se doit d’être la plus conséquente possible. Concernant les origines de ce sinistre qui a conduit à la destruction de près de 350 hectares ( 700 terrains de football environs) une enquête a été ouverte sous l’autorité du Procureur de la République, pour éclaircir les circonstances de départ du feu.
Les secours et les habitants espèrent ne pas avoir à revivre l’épisode de 1988. A cette époque, les flammes avaient ravagé près de 2700 hectares avant d’être éteintes, au bout de 68 jours.