Au prix d’un grand numéro dans la descente du Monte Grappa, l’Italien Vincenzo Nibali a remporté samedi à Asolo (nord) la 14e étape du Giro désormais mené par l’Espagnol David Arroyo à la veille de l’arrivée au Monte Zoncolan.
ASOLO (Italie) (AFP) - Au prix d’un grand numéro dans la descente du Monte Grappa, l’Italien Vincenzo Nibali a remporté samedi à Asolo (nord) la 14e étape du Giro désormais mené par l’Espagnol David Arroyo à la veille de l’arrivée au Monte Zoncolan.
S’il s’est affirmé le digne successeur de Paolo Savoldelli, le "Faucon" qui fut le plus grand descendeur de la décennie écoulée, Nibali (25 ans) a aussi montré ses qualités en montagne. C’est lui qui a forcé l’allure à 6 kilomètres du sommet de la longue (18,9 km) ascension du Monte Grappa, emmenant avec lui son coéquipier Ivan Basso, un autre Italien, le grimpeur Michele Scarponi, et le champion du monde australien Cadel Evans.
"On ne voyait plus un tel spectacle depuis des années ! Un jeune coureur qui se lance dans une attaque aussi loin de l’arrivée, ça me plaît beaucoup", s’est exclamé l’ancien champion français Laurent Fignon, présent sur le plateau de l’émission de la RAI.
Sur les pentes sévères de la grande montagne de Vénétie, marquée encore par les affrontements meurtriers de la Grande Guerre (1914-1918), l’Espagnol Carlos Sastre et le Kazakh Alexandre Vinokourov n’ont pu tenir le rythme. Encore moins, le jeune australien Richie Porte, qui portait le maillot rose au départ de Ferrare.
Au sommet, distant de 40 kilomètres de l’arrivée, le quatuor de tête a basculé avec plus d’une minute d’avance sur le duo Vinokourov-Sastre et deux minutes et demie sur le groupe comprenant David Arroyo et Bradley Wiggins, le Britannique qui avait tenté de prendre les devants dans la montée. Tout s’est joué alors dans la longue descente vers la plaine, technique, compliquée par une chaussée mouillée qui a amené Sastre à jouer la sécurité.
"J’ai pris des risques", a reconnu Nibali, étourdissant de virtuosité pour se présenter au bas de la descente avec 42 secondes sur ses trois anciens compagnons. L’Italien a livré ensuite un "chrono" de 15 kilomètres pour rejoindre l’arrivée avec 23 secondes sur le trio réglé par Basso, logiquement économe de ses efforts au contraire d’Evans.
"Vino", tout seul, a limité l’écart à 1 min 34 sec alors que Sastre, rejoint par un petit groupe (Arroyo, Cunego, Wiggins et Gerdemann notamment), a lâché près de 2 minutes et demie à Nibali. Mais l’Espagnol, comptable de son énergie, est resté au classement général en première position des favoris.
Dans ce Giro de mouvement, qui a redonné le sourire aux hommes de la Liquigas (Nibali, Basso), toutes les hypothèses sont à envisager. Même Arroyo, désormais leader avec 39 sec sur Porte, garde un petit espoir, avec ses 5 min 27 sec d’avance sur Sastre (et près de 7 min sur Nibali), bien qu’il ait affiché ses limites sur les pourcentages les plus ardus.
Or, le Giro s’attaque dimanche au Monte Zoncolan, terme de la 15e étape longue de 222 kilomètres à partir de Mestre. Le Zoncolan, précédé de trois autres ascensions, présente sur ses 10,1 kilomètres une pente épuisante (11,9 % de moyenne !) avec des pointes à 22 %. Pour les grimpeurs, Scarponi en particulier mais aussi Basso et Evans, ou encore Nibali, l’occasion est idéale de chambouler la hiérarchie.
"On n’a pas vu un Giro aussi intéressant depuis je ne sais combien de temps, au moins quinze ans", a conclu Laurent Fignon, revenu sur une course qu’il a gagnée en 1989.