Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva est arrivé dimanche à Téhéran pour des entretiens sur le dossier nucléaire iranien présentés par les grandes puissances comme une médiation de "la dernière chance" avant de nouvelles sanctions de l’ONU contre Téhéran.
TEHERAN (AFP) - Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva est arrivé dimanche à Téhéran pour des entretiens sur le dossier nucléaire iranien présentés par les grandes puissances comme une médiation de "la dernière chance" avant de nouvelles sanctions de l’ONU contre Téhéran.
Le président brésilien qui dirige une délégation de 300 membres, a été accueilli à l’aéroport de Téhéran par le chef de la diplomatie iranienne Manouchehr Mottaki.
Il doit rencontrer dans la matinée le président Mahmoud Ahmadinejad et le guide suprême l’ayatollah Ali Khamenei.
Les chances de succès de sa médiation ont toutefois été jugées faibles par Washington et Moscou, alors que le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, qui y était associé, a renoncé samedi à se rendre à Téhéran faute d’engagement iranien sur une proposition de solution.
En revanche, le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu doit arriver à Téhéran dimanche matin à l’invitation de M. Mottaki pour participer aux négociations sur le nucléaire.
L’enrichissement d’uranium par l’Iran est au centre du conflit avec la communauté internationale, qui redoute que Téhéran, malgré ses démentis, ne cherche à se doter de l’arme nucléaire.
Les grandes puissances ont proposé à Téhéran de leur livrer 70% de son uranium faiblement enrichi pour le transformer en combustible hautement enrichi, dont l’Iran a besoin pour son réacteur de recherche médicale.
Invoquant lui aussi un problème de confiance, l’Iran a rejeté cette proposition, souhaitant un échange simultané de combustible en petites quantités sur le territoire iranien. Ce qui a été refusé par les grandes puissances.
Opposés à des sanctions, le Brésil et la Turquie, membres du Conseil de sécurité, ont entrepris de convaincre Téhéran de faire des propositions concrètes pour sortir de la crise.
Quelques heures avant le début de cette médiation, l’Iran a affirmé qu’une entente était intervenue sur la quantité et le moment d’un échange d’uranium faiblement enrichi contre du combustible nucléaire à 20%, et s’est dit prêt à discuter du lieu de l’échange.
"Il y a une entente sur le moment et la quantité du combustible à échanger. Reste le lieu de l’échange. l’Iran est prêt à discuter de ce point s’il y a des garanties concrètes" assurant qu’il recevra le combustible nécessaire à son réacteur de recherche de Téhéran, a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast, à la chaîne iranienne Al-Alam.
Tout en s’affirmant prêt à discuter, l’Iran n’a toutefois pas levé le voile sur ses intentions : les dirigeants iraniens ont multiplié les déclarations vagues sur des "propositions" brésilienne et turque, ou rappelé leur position d’échange sur son sol.
"Nous avons reçu beaucoup de propositions et nous sommes en train de les examiner", a réaffirmé samedi dans la presse le chef de l’organisation de l’énergie atomique iranienne Ali Akbar Salehi.
"Il y a une volonté de part et d’autre de régler le problème et les choses évoluent positivement", a-t-il ajouté.
Le président Lula s’est affirmé vendredi à Moscou "optimiste" sur ses chances d’obtenir un geste de Téhéran, lors d’une rencontre avec son homologue russe Dmitri Medvedev.
Mais M. Medvedev a indiqué qu’il ne croyait guère à un compromis lors de cette visite de la "dernière chance", à laquelle il a donné "30% de chances" de réussite.
Washington a exprimé le même scepticisme, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton estimant vendredi que le président brésilien avait "une montagne à gravir". "Nous n’aurons aucune réponse sérieuse de la part des Iraniens avant que le Conseil de sécurité n’agisse", a-t-elle ajouté.