Le bras de mer qui sépare l’île d’Anjouan de Mayotte fait l’objet d’une surveillance de tous les instants. Et pour cause, chaque jour, des dizaines de clandestins cherchent à atteindre l’île aux Parfums pour échapper à la misère dans laquelle ils vivent aux Comores. Avec la départementalisation, le territoire Mahorais deviendra encore plus attractif pour ces individus et les actions des forces de l’ordre devront être multipliées.
70 kilomètres séparent Anjouan de Mayotte. Chaque jour, des dizaines de Comoriens embarquent à bord des kwassa kwassa de nuit, et au péril de leur vie, pour l’île aux Parfums, devenue pour eux une sorte de terre promise.
Pour empêcher ces clandestins d’accoster, six agents de la Police aux frontières passent près de 8 heures par jour en mer. A l’aide de radars et de caméras thermiques, l’équipe entraînée tente de débusquer et intercepter les individus voulant pénétrer illégalement sur le territoire mahorais. Mais ces opérations sont parfois stériles dans la mesure où les frêles barques parviennent à atteindre facilement la plage mahoraise.
Sur l’île aux Parfums, les clandestins représentent un tiers de la population totale, soit environs 60 000 habitants. En général, ils élisent domicile dans des bidonvilles, dépourvus d’eau et d’électricité.
Une vie de misère pour laquelle ils se battent pourtant et seraient même prêts à payer de leur vie. Aux Comores, l’accès aux soins ainsi que l’éducation ne sont pas gratuits. Mayotte représente en ce sens un El Dorado pour les Comoriens.
Même chose pour le travail : l’économie locale profite de cette main d’oeuvre maléable et peu onéreuse. Payés un peu moins de 700 euros pour deux mois de travail, les clandestins ne se plaignent pas. Dans leur pays, le salaire mensuel avoisine les 100 euros. Pour subvenir aux besoins de leurs familles, les Comoriens effectuent de petits boulots dans le secteur de la pêche, de l’agriculture ou encore du bâtiment.
Dans les maternités, huit naissances sur dix sont des bébés de clandestins. C’est une façon pour eux de multiplier leurs chances de rester à Mayotte. Car chaque jour, les autorités expulsent des groupes entiers de Comoriens. Cette année, ils étaient 24 000 à avoir été renvoyés dans leur pays.
La part des expulsions à Mayotte représente 60% du total des expulsés de France. Ce chiffre amené à se décupler avec la départementalisation indique que les autorités mahoraises sont engagées dans une lutte sans fin.