Au terme de 48 heures de garde à vue, Stewart C. est placé en détention provisoire. Présenté ce vendredi 24 février devant les magistrats du Palais de Justice de Champ Fleuri, il est mis en examen pour tentative de meurtre avec préméditation.
C’est entravé par deux policiers que Stewart C. progresse dans les couloirs étroits du tribunal de Champ Fleuri. Accompagné de son conseil, il passe la porte du juge des libertés et de la détention. L’homme, baraqué du haut de ses 29 ans, est recouvert de tatouages des bras jusqu’à la tête. Sans se démonter un instant, il fait face au magistrat.
« Je veux sortir d’ici, j’ai rien avoir avec ça. Je ne compte pas fuir », tels sont les premiers mots prononcés par le suspect, qui plaide pour son placement sous contrôle judiciaire. Interrogé sur les faits, il nie catégoriquement avoir tiré sur un homme, mardi soir au Chaudron.
Pour décider de son placement sous contrôle judiciaire, la vie de Stewart C. est abordée lors de l’audience face aux juges des libertés et de la détention. L’homme explique qu’il est auto-entrepreneur, dans de l’achat et de la revente. Or, difficile de savoir ce qu’il vend vraiment. Afin d’arrondir ses fins de mois, le suspect explique qu’il peut gagner entre « 2000 et 3000 euros » sur des paris sportifs.
Des détails qui peuvent paraître anodins, mais pas pour les enquêteurs. Ils se sont longuement intéressés à ses sources de revenus lors de sa garde à vue. Hormis sa mise en examen pour tentative de meurtre avec préméditation, Stewart C. est soupçonné de tremper dans un juteux trafic de cocaïne.
Malgré le semblant de bonne volonté montré par le suspect, le procureur de la République se montre intransigeant. D’emblée, il demande le placement en détention immédiate. « Il y a un risque de pression sur la victime. Cette dernière n’est pas sortie de l’hôpital, et est en état de faiblesse ». Pour rappel, 3 balles ont été tirées mardi soir, dont deux ont touché la jambe d’un homme. S’en suit alors les détails sur son parcours judiciaire. Stewart C. est connu de la justice : une menace avec arme de poing, et une condamnation pour trafic de stupéfiants. Condamné en 2013 pour ces faits, il a fallu attendre 2018 pour qu’il purge sa peine. Difficile ainsi de garantir sa présentation à la justice s’il est placé sous contrôle judiciaire.
Son avocate n’en démord pas. Elle pointe du doigt plusieurs incompréhensions dans ce dossier. D’abord, la robe noir souligne le fait que les enquêteurs, lors de la garde à vue, ne se sont quasiment intéressés qu’à ses sources de revenus. « On peut justifier ses gains aux paris sportifs avec des tickets ». En plus de fustiger les médias locaux sur le traitement de cette affaire, elle clame que le « dossier est quasi vide ». Selon elle, Stewart C. se trouvait avec sa petite amie le soir des coups de feu. « Pourquoi n’a t’elle pas été entendue par les enquêteurs ? », demande-t-elle à la magistrate.
Après une demi-heure de réflexion, la juge des libertés et de la détention rend sa décision. Le Guyanais de 29 ans est envoyé en prison, conformément aux réquisitions portées par le ministère public.
Suite à l’audience, le suspect est conduit en prison. Mais, est-ce vraiment la fin de cette affaire ? Car, selon des sources proches du dossier, la petite amie du tireur présumé a, elle aussi, été déférée aujourd’hui devant le juge d’instruction. En effet, la source des coups de feu est un conflit au sujet de drogue. Stewart C. est-il à la tête d’un important trafic à La Réunion ? Plusieurs pistes abondent dans ce sens : ses liens étroits avec la métropole, et sa petite amie. Ce soir, elle a été mise en examen pour recel de trafic de stupéfiants. Elle aurait profité de l’argent engendré par son copain pour se payer voyages et autres vêtements coûteux.
L’enquête se poursuit, d’une part pour la tentative de meurtre avec préméditation, mais possiblement pour le démantèlement d’un important trafic de stupéfiants. En interpellant Stewart C., mercredi dernier, les forces de l’ordre ont sûrement donné un grand coup de pieds dans la fourmilière.
Lucas Candessoussens