En novembre 2017, une jeune femme de 20 ans perdait la vie dans un accident de voiture sur le viaduc de Saint-Paul. Sa passagère âgée de 23 ans, à l’époque, a été blessée dans la collision. La Twingo s’est retrouvée écrasée suite à un carambolage avec deux camions, dont un de 40 tonnes. L’état du semi-remorque et de ses freins serait la cause du drame. Six ans après, le responsable de la société Incana et un de ses chauffeurs sont attendus au tribunal correctionnel de Saint-Denis aujourd’hui, vendredi 3 février.
Le drame s’est noué le 6 novembre 2017, sur la 4 voies de la route des Tamarins, à la fin du viaduc de Saint-Paul. Aux alentours de 9 heures du matin, un carambolage implique 7 véhicules, dont plusieurs poids lourds, sur la voie lente en direction du Saint-Denis.
Un semi-remorque a percuté un camion frigorifique. Celui-ci est alors monté sur la Twingo de la victime qui transportait une passagère, tuant la première et blessant la seconde. L’homme au volant du camion frigorifique a été légèrement touché.
L’enjeu du procès sera de déterminer les responsabilités des mis en cause, soit le chauffeur et le responsable de la société de transport Incana, qui ne cessent de se renvoyer la balle. Pour Me Alexandre Alquier, avocat de la partie civile, "il s’agit de faire la lumière sur les circonstances atroces du drame, c’est un procès qui parlera à tous les gens qui ont des enfants qui prennent la voiture. Il est important d’expliquer à la famille de la victime - qui a été brisée -, la vérité qui a engendré cette tragédie".
Ses proches ne seront pas présents, seul son fiancé de l’époque y assistera.
Par ailleurs, Me Alquier connaissait de loin la victime : elle était censée se rendre aux Etats-Unis, au pair, chez l’associée de l’avocat.
C’est un procès très technique qui s’annonce a affirmé l’avocat du chauffeur, Me Alex Vardin. "On va passer beaucoup de temps sur l’état du camion, qui je tiens à le souligner, a été décortiqué dans les moindres détails par l’expert judiciaire, affirme-t-il en précisant qu’a posteriori de son analyse, les freins devaient lâcher d’un moment à l’autre."
Le transporteur avait alors appuyé de toute ses forces sur la pédale de frein, en vain. L’avocat indique également que son client aurait pu faire jouer son droit de retrait, car il était au courant de l’état de "cercueil roulant" de son camion. "Mais lorsqu’on fait cela, on prend le risque d’être black-listé de l’ensemble des sociétés de transport réunionnaises." Le chauffeur s’est donc exilé en métropole pour retrouver du travail suite au drame.
A noter, la justice a rendu un non-lieu concernant le contrôleur technique du véhicule. Ce dernier avait émis un avis favorable deux mois avant l’accident. "Le plus important c’est de comprendre ce qu’il s’est passé pour que ça ne se reproduise plus, et malheureusement dans ce cas, que ça serve de leçon", a conclu l’avocat de la partie civile.
"M. Incana porte la responsabilité d’avoir laissé ce tombeau roulant entre les mains de M. Toupin", a déclaré la procureure de la République lors du procès de l’accident du viaduc des Tamarins. Elle a requis, pour M. Toupin, le chauffeur, 3 ans d’emprisonnement dont 18 mois ferme ainsi que l’annulation de son permis de conduire et l’interdiction de le repasser.
Pour le patron de la société de transport qui porte son nom, M. Incana : 3 ans d’emprisonnement dont 2 ferme, en plus de l’interdiction d’exercer sa profession pendant 5 ans et 1000 € d’amende.