Ce mercredi 31 mars, cela fait 10 ans que le Département de Mayotte est devenu officiellement le 101e département de France et son cinquième département d’outre-mer. À la veille de l’anniversaire de la départementalisation mahoraise, les chiffres de l’INSEE concernant les naissances et les décès à Mayotte sont tombés, jetant un froid sur la célébration.
Projets de loi, référendums, réformes…Pour devenir un département français, Mayotte en a vu de toutes les couleurs. Aujourd’hui, elle est empêtrée dans les mêmes problématiques : d’un côté, l’Union des Comores revendique toujours ce territoire, de l’autre, son retard par rapport au reste du territoire français en terme de politiques publiques est difficile à rattraper. Retour sur l’histoire de ce tout jeune département français et sur les enjeux qui l’entourent.
C’est le sultan Andriantsouli qui cède l’île de Mayotte à la France le 25 avril 1841. Représenté par le Commandant Passot, le but était de protéger l’île contre les attaques venues de l’extérieur, notamment des Comores. Mayotte devient alors une colonie française. L’esclavage y est aboli en 1846.
L’archipel des Comores obtient le statut de Territoire d’Outre-Mer en 1946 la dotant d’une autonomie administrative.
Le sujet de l’indépendance des îles des Comores à fait l’objet d’un premier référendum en décembre 1974. À l’époque déjà, Mayotte est la seule des quatre îles des Comores où la volonté de rester dans la Nation française est majoritaire avec 63,8 % des suffrages exprimés.
Le gouvernement français de l’époque a alors décidé de ne pas valider le scrutin au grand damne du Conseil de Gouvernement comorien qui déclare unilatéralement l’indépendance des Comores incluant Mayotte. Un deuxième référendum en 1976 confirme la volonté de Mayotte d’être un département français.
En 2007, le Conseil général de Mayotte vote à l’unanimité une résolution demandant que Mayotte soit soumise au statut de département et région d’Outre-Mer. Conformément aux engagements pris par Nicolas Sarkozy pendant sa campagne présidentielle, un référendum est organisé à Mayotte en mars 2009 sur la question de la transformation du statut de l’île en département et région d’Outre-Mer. Plébiscité à 95.2% des voix, la loi qui en découle prévoit la transformation de la "collectivité départementale de Mayotte" en "Département de Mayotte", à compter de mars 2011.
Le 31 mars 2011, le Département de Mayotte est devenu officiellement le 101e département de France.
Le 29 mars, à la veille de la célébration de la départementalisation de Mayotte, les chiffres de l’INSEE sont tombés : Mayotte connaît une surmortalité par rapport au reste du territoire français.
En effet, l’INSEE constate une surmortalité accentuée en ce début d’année 2021, plus forte qu’en 2020. Le rapport explique : "Entre, 1er janvier et le 14 mars 2021, 322 décès sont survenus, soit une hausse de 78 % par rapport à la période correspondante de 2020. Dans l’Hexagone, la hausse des décès est nettement plus modérée (+ 12 %)."
"Sur cette période, le nombre de décès est en hausse de 128 % à Mayotte et de 5 % au plan national par rapport à 2019. La hausse des décès concerne à Mayotte de manière homogène l’ensemble de la population de plus de 50 ans"
Ces chiffres ne sont pas étonnant, la Cour des comptes soulignait déjà en 2014 la situation préoccupante de Mayotte. Elle la considérait en situation difficile, car soumise à une "pression démographique explosive" et disposant d’un "système de santé sous-calibré". Difficile donc, de pointer du doigt le Covid-19 comme responsable de tels écarts entre le nombre de décés à Mayotte et celui en métropole étant donné que le systeme de santé mahorais était déjà "sous-calibré".