À seulement deux jours de la journée internationale de la lutte pour les droits des femmes, la police nationale a publié sur son compte Twitter une nouvelle campagne de sensibilisation. Elle entend prévenir contre le partage de photos intimes, autrement appelées "nudes". La campagne fait polémique.
Postée le 6 mars 2021, cette publication a beaucoup fait réagir.
Sur le visuel, on peut voir une fille à gauche et un garçon à droite, tous les deux tiennent un téléphone portable. Entre les deux, une phrase en forme de cœur : "Il a bien reçu ton nude. Tes amis, tes parents, tes camarades de classe, tes cousins, tes professeurs, tes voisins, ton boulanger, ton ex-petit ami, ton facteur, tes grands-parents, ta nièce aussi." Rapidement, le poste est retiré.
"Nude", "revenge porn" : les termes employés par la police nationale et par les internautes sont importants.
• Proche du mot "nudité", les nudes sont des photos que l’on prend avec son téléphone en étant nu ou partiellement dénudé. Généralement, la photo est destinée à être envoyée à quelqu’un.
• Le "revenge porn", ou "pornodivulgation" en français, est une pratique qui consiste à se venger en diffusant du contenu dit pornographique sans l’accord de la personne apparaissant dessus.
Depuis 2017, le nouvel article 226-2-1 est venu approfondir le Code pénal en renforçant les sanctions pénales dans les cas spécifiques de contenus à caractère sexuel. Les peines sont portées à deux ans d’emprisonnement et à 60 000 € d’amende.
Dans la loi, peu importe que la personne ait donné son consentement initial pour l’enregistrement des vidéos/images : le seul fait que la diffusion de ces contenus soit non consentie suffit pour être condamné.
Marche arrière immédiate
Avec le visuel, une phrase d’accompagnement : "Envoyer un nude, c’est accepter de prendre le risque de voir cette photo partagée". "Les mécanismes de déresponsabilisation de l’agresseur et de culpabilisation de la victime" sont immédiatement pointés du doigt notamment par le "Collectif NousToutes" et les internautes. Au bout de 47 minutes, le poste est retiré, jugé "maladroit".
Sur Instagram, le collectif se bat aussi contre le "revenge porn". Il poste une photo où les propos de la Police Nationale sont reformulés : "Diffuser un nude, c’est accepter de prendre le risque de passer 2 ans en prison". Selon leurs followers, l’agresseur est cette fois reconnu responsable, c’est bien lui le problème, non plus la personne qui aurait accepté d’envoyer un nude. "Voilà qui est mieux", soufflent-elles en cœur.
Sur le visuel, c’est un homme et une femme accompagnés de la phrase : "Il a bien reçu ton nude. Tes amis, tes parents …" Or, Le message, selon NousToutes, est très grave : il banaliserait l’homme comme un agresseur dont les femmes doivent très tôt apprendre à tenir compte et à se protéger…
Une campagne qui fait réagir !
Sur Twitter, les opinions sont divisées, d’autant que la campagne ne semble pas être adressée aux garçons.
Nombreux sont ceux qui trouvent qu’il est important de rappeler que le risque est réel lorsqu’on envoie un nude. La responsabilité incomberait surtout à la personne qui accepte d’envoyer son corps au premier chef. Les internautes s’expriment :
Dorine déclare : "Faut pas jouer sur les mots comme ça, c’est peut-être mal formulé mais le fond est juste, tout contenu envoyé ne nous appartient plus."
"Sauf que c’est les féministes qui ont combattu cette campagne de sensibilisation contre les nudes. Donc visiblement ça dérange juste les féministes que la police prévienne du risque qu’il existe à faire des nudes" réagit l’internaute Valkaran.
"Après ils ont pas tord mais y’a d’autre moyens de l’expliquer... et surtout ne pas remettre la faute sur la victime", explique Sky Furius.
Crybaby Mango s’interroge : "La police elle meme oublie ce qu’est le "revenge porn" ? Et que c’est interdit par la lois ?"