Le 9 mars 1968, le Douglas DC-6 militaire décolle à 23h15 de l’aéroport Roland Garros par temps pluvieux. L’équipage souhaitait éviter le cyclone en approche et décoller sans attendre. L’envol se déroule sans problème mais au lieu de tourner à gauche, vers l’océan, le commandant Pradier et le capitaine Gaétan persistent vers la droite. À la tour de contrôle c’est la panique. L’avion s’écrase deux minutes après le décollage dans les hauteurs de Sainte-Marie…
Dans ce vol sans escale jusqu’à Djibouti, ils étaient 19 en comptant l’équipage. Tous ont péri dans l’accident sauf une des convoyeuses, miraculeusement sauvée. Retour sur la plus grande catastrophe aérienne que la Réunion ait connue.
Un triste bilan : Le regretté général Ailleret
Parmi les passagers, il y avait une personnalité publique très connue, notamment par les militaires de la guerre d’Algérie. En effet, le général Ailleret était le représentant du gouvernement qui a signé l’ordre de cessez-le-feu, le 19 mars 1962, au lendemain des accords d’Evian. Il fut nommé chef d’état-major le 16 juillet 1962.
Aujourd’hui, il repose au cimetière de Ver-sur-Mer, en Normandie. À ses côtés, sa femme et sa fille qui étaient dans l’avion, elles-aussi.
Une seule survivante
Les 18.000 litres de carburant contenus dans les réservoirs déclenchent un gigantesque incendie lors de la collision. Pourtant, d’après certains témoignages, lorsque les secours de Sainte-Marie sont arrivés il y avait encore quelques survivants. Dans les décombres, beaucoup ont succombé à leurs blessures… Seule Michèle Renard, convoyeuse de l’air miraculée, a survécu.
Mais comment est-ce possible ? Axel Legros, docteur à Sainte-Marie, et Marcel Poirié auraient découvert Michèle Renard en inspectant les eucalyptus. Coincée dans son siège en haut d’un arbre, il aurait été abattu à la tronçonneuse pour évacuer la convoyeuse au CHD de Bellepierre.
Les causes de la catastrophe aérienne qui a endeuillé la France sont encore incertaines, mais la tour de contrôle affirme avoir échangé avec l’équipage au moment du décollage. Le contrôleur aérien aurait demandé à plusieurs reprises au commandant de "virer à gauche, en ascension". L’équipage aurait répondu "compris" avant de persister à droite jusqu’à la collision…
De là, beaucoup se sont demandés s’il s’agissait d’un sabotage ou d’une action suicide… En mars 2008, le Journal de l’île mettait le témoignage de Marc Gérard en avant. Celui-ci avait croisé l’équipage du commandant Pradier dans leurs tous derniers instants.
"Ces hommes n’étaient pas saouls. Mais ils étaient épuisés, morts de fatigue. Et pourquoi étaient-ils si fatigués ? Parce qu’on leur avait dit qu’ils ne décolleraient que le lendemain et qu’ils avaient quartier libre pour la journée. Alors ces aviateurs étaient partis pour Saint-Gilles où ils avaient fait de la pêche sous-marine", déclarait-il.
Ce témoignage permet peut-être d’effacer une part du mystère sur le tristement célèbre crash du 9 mars 1968.