L’Avis du Conseil Scientifique a été rendu ce lundi soir, laissant à l’exécutif la décision d’un report. A quelques mois des élections, la question d’un éventuel report est au cœur des débats sur l’île.
Le Conseil scientifique a renvoyé au gouvernement la décision "éminemment politique" d’un éventuel nouveau report des élections régionales et départementales, dans un avis très mitigé sur les questions sanitaires.
Le Premier ministre, Jean Castex, avait pourtant indiqué que le gouvernement suivrait "strictement" les préconisations rendues par le Conseil. Il sera finalement responsable de la décision.
"Comme prévu par la loi, le gouvernement remettra au Parlement d’ici le 1er avril un rapport sur la base de cet avis, qui donnera lieu également à une consultation des formations politiques", indique Matignon.
À La Réunion, les candidats oscillent entre compréhension et franche hostilité à un nouveau report.
Jean-Pierre Marchau, Europe Ecologie Les Verts
"Nous sommes hostiles au report. Trop d’incertitudes pèseraient sur le respect de l’agenda électoral si les élections sont reportées après l’été. Elles pourraient être parasitées par les enjeux de l’élection présidentielle. Le Conseil Scientifique fait des recommandations, il faut s’en inspirer pour garantir la sécurité sanitaire lors des scrutins de juin prochain. On peut faire campagne, sacrifier aux grands meetings ou soirée électorale. On ne confine pas la démocratie, les Etats Unis ont maintenu il y a quelques mois leur campagne présidentielle malgré l’intensité de la crise covid."
Richard Riani, Rassemblement des Citoyens Réunionnais
"Nous voulons aller à la bataille électorale en juin, mais nous respecterons le choix qui sera fait. En tant que mouvement politique, un report ne nous arrange pas car nous avons déjà engagé notre campagne, mobilisé beaucoup d’énergie et de personnes qui croient en nous. Un report viendrait casser cette dynamique. Pour autant, Emmanuel Macron va devoir prendre ses responsabilités. Nous comprenons que la situation sanitaire est nouvelle fois dégradée. Un report apparait logique car beaucoup de gens risquent de ne pas aller voter comme on a pu l’observer lors des élections municipales de 2020."
Olivier Hoareau, Ansanm Alon Réyoné
"Le gouvernement est renvoyé dos au mur par le conseil scientifique. Retarder ces élections ne feraient qu’enfoncer davantage La Reunion dans la plus grande crise sociale et économique de son histoire. Si les transports publics fonctionnent, si on permet l’ouverture des supermarchés alors les élections peuvent se tenir. Les Réunionnais attendent et veulent une nouvelle gouvernance à la Région".
Michel Vergoz
"Je ne suis pas étonné que le conseil scientifique reste dans son rôle. La décision appartient au politique. C’est le Président de la République qui tranchera. Je comprendrais tout à fait que les élections soient une fois de plus reportée. Le vrai risque pour la démocratie, c’est que la mobilisation soit affaiblie. Quand on sait que la participation au premier tour des régionales chez nous est d’environ 40%, il y a fort à parier qu’elle serait encore plus basse dans ce contexte contraint. Je mesure la gravité de la décision, mais nous devons garder à l’esprit que la crise électorale découle de la crise sanitaire qui est en réalité beaucoup plus large."
Jean-Roland Ango, les Indépendantistes
"C’est une décision tout à fait normale. On a tenté de se cacher derrière les scientifiques. Il s’agit pourtant d’une crise politique et non sanitaire. Un nouveau report des élections n’est pas acceptable. Les municipales se sont tenues dans des conditions similaires. Le gouvernement tente de gagner du temps. On ne sait pas ensuite quand auront lieu ces élections. S’il y a lieu de confiner, il faudrait confiner maintenant pour une durée de trois semaines à un mois afin que les élections puissent se tenir".
Vanessa Miranville, Citoyens de La Réunion en Action (CREA)
"On est des politiques qui gérons les crises sur le court terme et qui agissons sur le long terme. Le report ou nom des élections, pour nous, n’est pas un sujet. Notre campagne est lancée pour proposer un projet de long terme aux Réunionnais. Que les élections aient lieu en juin, en septembre ou en 2022, ça ne change rien à la ligne de CREA, de participation citoyenne et d’être présent à La Réunion comme on l’est depuis plusieurs mois. Quelles que soient les décisions qui soient prises, on saura être agile et s’adapter".