Cette enquête sur les signes religieux a été réalisée pour la revue "Le Droit de vivre" et la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) auprès de 1 006 lycéens, sur la méthode des quotas.
Pour la première fois, l’institut Ifop a effectué, en janvier, une enquête sur la religion à l’école pour la revue "Le Droit de vivre" et la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme).
Les résultats ont montré que 52% des lycéens sont favorables au port de signes religieux ostensibles dans les lycées publics.
Pourtant, cette proportion est de 25% pour l’ensemble de la population, comme le rapporte Le Point. Par ailleurs, 49% des enquêtés ont indiqué qu’ils ne trouvent aucun inconvénient à ce que les agents publics affichent leurs convictions religieuses.
Concernant le port d’un burkini à l’école, 38% sont favorables à ce qu’une loi autorise les lycéens à le porter, si ce pourcentage atteint 63% chez les élèves scolarisés en REP (Réseaux d’éducation prioritaire), et 76 % chez les élèves se disant musulmans.
Interrogés sur le droit au blasphème, une courte majorité des sondés se sont opposés au droit de critiquer une croyance, un symbole ou un dogme religieux. Effectivement, 52% des lycéens n’y sont pas favorables.
Toutefois, selon le magazine, les élèves du secondaire eux-mêmes sont divisés : 78% des jeunes musulmans sont contre le droit d’outrager une religion, 65% des personnes perçues comme "non blanches" et 60% des jeunes, habitant dans des zones d’éducation prioritaire. Cet avis est partagé par 45 % des catholiques et de 47 % des élèves se définissant "sans religion".
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"Critiquer la religion, c’est agresser les croyants. On ne distingue plus le corpus idéologique de la personne qui y croit", a souligné François Kraus, auteur de l’enquête. Selon ses dires, il s’agit de la victoire d’une vision anglo-saxonne ou même islamiste des choses. La religion n’est plus perçue, comme un corpus de valeurs auxquelles on croit, mais comme consubstantielle de l’identité.
"Et la moquerie de l’identité étant perçue par certains comme intolérable, les réactions violentes ne sont plus incompréhensibles", a-t-il précisé. De ce fait, 10% des élèves n’ont pas exprimé de condamnation ou sont indifférents aujourd’hui à l’égard des auteurs des attentats de 2015.
Les lycéens ont, dans l’ensemble, une conception "minimaliste" de la laïcité, perçue comme un outil destiné à "mettre toutes les religions sur un pied d’égalité" (29%) ou à assurer "la liberté de conscience". Seuls 11% des enquêtés considèrent qu’elle consiste à faire reculer l’influence des religions dans la société. Par ailleurs, 37% des lycéens (plus d’un sur trois) ont perçu comme discriminatoires à l’égard des musulmans, les lois visant à encadrer l’application de la laïcité en France.
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