Mardi, près d’un tiers du personnel et des familles des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) se sont mobilisés afin de dénoncer l’abandon des retraités.
Le médecin urgentiste Patrick Pelloux a lancé une pétition " Dignité des personnes âgées, des moyens pour nos Ehpad ! " et a déjà reçu plus de 400 000 signatures. Les personnels et les familles des retraités dans ces Ehpad se sont manifesté, mardi, afin de dénoncer cette maltraitance institutionnelle. En effet, le nombre des infirmières est largement en dessous de la moyenne alors que la majorité des résidents ne peut se laver, lever, ni manger toute seule.
Du haut de ses 98 ans, une des retraités, Antoinette, accueille tout le temps ses visiteurs, généralement ses trois nièces, avec un grand sourire. D’ailleurs, elle fait partie des personnes âgées qui souffrent le moins du manque de personnel, puisqu’elle peut faire sa toilette toute seule et peut se passer d’un fauteuil roulant. Malgré son indépendance, elle est cependant très fragile pour être seule chez elle et doit payer toutes ses économies chaque mois pour le compte de l’Ehpad, soit 2 500 euros par mois, depuis déjà 5 ans.
Cependant, Marianne, une de ses nièces, a remarqué une blessure sur la tête de sa tante. En effet, une intérimaire avait voulu la changer la nuit alors qu’elle ne le voulait pas. Par conséquent, il y a eu une altercation entre les deux femmes. Elle n’a, d’ailleurs, pu savoir ce qui s’est réellement passé. " On a l’impression que personne de l’extérieur ne doit savoir ce qui se passe entre ces murs. C’est la culture du silence ", déplore Marianne dans des propos rapportés par Le Figaro.
" Nous avons bataillé pour qu’ils arrêtent, car sinon elle serait devenue incontinente en quelques mois. On laisse sombrer les personnes âgées dans la dépendance au lieu de les aider à se maintenir ", a-t-elle ajouté.
Une centenaire a critiqué la saleté des linges qui ne se changent pas régulièrement.
" Celui qui ne râle pas, il n’a rien. Et ici, il y en a beaucoup qui ne parlent pas ", a-t-elle ajouté.
Marianne s’est impliquée dans cette bataille afin de constituer un dossier à destination du Défenseur des droits. Elle a indiqué que ces personnes âgées ne sortent jamais sauf s’il y a des gens de bonnes volontés pour les accompagner. Ce n’est en aucun cas une mauvaise foi de la part du personnel, mais ce dernier, trop peu nombreux, n’a pas le temps. Cette association des familles de l’Ehpad était présente au côté des grévistes pour dénoncer ce manque de moyens humains et financiers.
" Personnes abandonnées des journées entières dans leur chambre, plateaux-repas laissés intouchés faute d’aide, absence de toilette intime pendant plusieurs jours… Une partie des résidants ne voit plus personne en Ehpad. Les familles qui s’y rendent nous rapportent souvent des situations épouvantables alors que le personnel est pris dans un marathon infernal. Les prix sont exorbitants et nous n’avons aucune visibilité sur la qualité de chaque établissement ", a déclaré Joseph Krummenacker, président de la Fédération nationale des associations de personnes âgées et de leurs familles.
" Monsieur le Président, nous sommes vieux, malades, notre voix ne porte pas bien loin, mais nous vous demandons de ne pas être les oubliés de la France. Qu’allez-vous faire pour nous ? ", a adressé certains résidants d’une maison de retraite de Lorraine à Emmanuel Macron, le chef de la République française.
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(Source : Le Figaro)