La crise migratoire concerne également les îles de l’Océan indien. Dans la nuit de dimanche à lundi, cinq personnes sont mortes en mer au large de Mayotte. Thierry Vabret, médecin à l’hôpital de Dzaoudzi, a dû constater les décès. Pour Ouest France, ce médecin français raconte le désarroi dans les établissements saniataires mahorais qui prennent en charge les migrants.
Cinq personnes, dont deux enfants, sort mortes dans la nuit de dimanche à lundi dans le naufrage, lors d’une intervention de la douane. Les victimes se trouvaient à bord d’une barque de migrants comoriens au large de Mayotte. Dans l’embarcation se trouvaient au moins 17 personnes, a indiqué à l’AFP le procureur de la république Joël Garrigue.
"Si ce type d’événement arrivait sur la côte en France, tout le monde en parlerait en asurant que c’est scandaleux", témoigne aujourd’hui sur Ouest France Thierry Vabret, médecin à l’hôpital de Dzaoudzi à Mayotte. "Cela se passe ici, on a l’impression que ce n’est pas la France alors que c’est un département français. La responsabilité de l’Hexagone est entière", alerte-t-il.
Des migrants de Comores et de Madagascar
Ces migrants viennent à Mayotte dans l’espoir de trouver une meilleure prise en charge sanitaire. Mais surtout pour fuir la pauvreté espérant qu’à Mayotte, ils feront face à une plus bonne condition de vie. De nombreuses femmes viennent accoucher à Mayotte afin de faciliter l’obtention de la nationalité française pour leurs enfants. "Tous les jours, une centaine de migrants rejoindrait Mayotte en bateau soit depuis les Comores soit depuis Madagascar", rappelle Thierry Vabret. "Une trentaine ou une quarantaine seront interceptées", précise-t-il. "Après avoir été interceptées, les personnes sont envoyées dans un centre de rétention administratif et passent un examen médical. Si leur état de santé ne leur permet pas de repartir, elles sont soignées ici. Des patients viennent parfois avec des fractures qui ont plus de deux jours, ou ont fait un accident vasculaire il y a quelques jours ou quelques semaines", déplore le médecin.
Trouver des solutions pour limiter les pertes humaines
Le praticien pense qu’une des solutions serait d’allouer des moyens médicaux aux Comores et à Madagascar "pour que les personnes n’aient pas envie de se rendre à Mayotte pour se faire soigner". Mais le fait que Mayotte soit un département français sera toujours aussi attirant, selon lui. Pourtant à Mayotte la situation est bien pire. "Je n’avais pas connu de situation sanitaire aussi dégradée que celle ici", déplore le praticien qui avait travaillé quinze ans dans les dispensaires de Polynésie et quatre ans dans ceux de Nouvelle-Calédonie.