Le baptême et la communion d’une petite file de 9 ans annulé 3 jours avant l’événement.
Une décision de l’évêché qui fait valoir le droit civil.
Marie-Evelyne Voisin est exaspérée. Après une entrevue avec le chancelier de l’Évêché de La Réunion, le baptême de sa fille, Marie-Sonia, prévu demain, et sa communion, prévue dimanche, sont purement et simplement annulés.
"Je l’ai emmené chez le docteur pour constater les dégâts psychologiques"
"Je suis très en colère. N’importe quelle père ou mère au monde et donc à La Réunion, n’accepterait pas qu’à trois jours de son baptême, tout soit annulé. Ce n’est pas possible. Même son enfant ne l’accepterait pas. Toute la semaine elle a pleuré. Aujourd’hui, elle n’est pas allée à l’école parce qu’elle ne se sent pas bien. Je l’ai emmené chez le docteur pour constater les dégâts psychologiques et puis sa santé, comme elle est tombée malade".
Marie-Evelyne Voisin élève seule sa fille de neuf ans. Pourtant, cette dernière est sous la responsabilité partagée de ses deux parents. Et c’est sur ce point que le bât blesse pour l’Évêché, comme l’explique le Père Pascal Grondin, chancelier de l’évêché de La Réunion.
"Dans l’obligation d’avoir également le consentement du père"
"Il y a une décision de justice qui dit que, vu la séparation, l’autorité est conjointe. En conséquence, nous sommes dans l’obligation d’avoir également le consentement du père afin de pouvoir donner le sacrement à l’enfant".
Un élément qui n’était pas connu de la mère de famille. "Je n’étais pas du tout au courant. À deux ou trois jours du baptême ou de la communion ils me demandent ça. Pourquoi ils ne me l’ont pas demandé trois ou quatre mois à l’avance, avant mêmes le début des répétitions de ma fille. Psychologiquement elle s’est préparée avec les soeurs et les dames du catéchisme. Pourquoi me demander ça maintenant."
Le droit canonique se heurte au droit civil
Le problème est que le père serait introuvable et injoignable. Et Marie-Evelyne s’appuie elle sur le droit canonique pour obtenir gain de cause.
"Parmi les articles que j’ai emmené, les canons 97, 98.865, il y a un article qui porte sur l’exercice parental qui dit que lorsqu’un parent n’exerce pas son droit, moi je l’exerce, l’enfant peut être baptisé".
"Elle invoque le droit de raison qui dit que la fille, qui a 7 ans atteint l’âge de raison. Sauf que l’Église est tenue de respecter la loi civile. Le code de droit civil dit que l’enfant peut décider de lui-même de son appartenance religieuse à partir de 15 ans".
Déçue et en colère, Marie-Evelyne compte porter plainte pour faire valoir le droit au baptême de sa fille. C’est la Justice qui sera chargée de trancher ce litige.