Le déplacement du Premier ministre Manuel Valls en Israël et en Palestine a été fortement critiqué par l’opposition, dénonçant une tentative de présidentialisation alors que la France est en pleine mobilisation contre la Loi Travail. Michel Lascombe, agrégé en droit public, explique qu’aucun texte ne régit les absences du Premier ministre du territoire national.
Le Premier ministre Manuel Valls a entamé dimanche une visite de trois jours en Israël et dans les territoires sous contrôle des Palestiniens. Cette tournée s’inscrit dans le cadre de l’initiative de la France visant à relancer le processus de paix entre Israël et Palestine. Mais ce déplacement n’est pas du goût de la classe politique, en raison de la situation actuelle du pays. Notamment le risque de pénurie de carburant en raison des blocages de la CGT en marge des manifestations contre la Loi Travail.
Bruno Le Maire, député Les Républicains, a ouvertement critiqué le voyage de Manuel Valls en Israël lors d’une interview réalisée par Europe 1, iTélé et Le Monde. "Quand il y a une telle situation de désordre, quand il y a de telles inquiétudes dans le pays, quand des départements entiers risquent d’être bloqués, la place du premier ministre est en France, plutôt que de lancer une initiative diplomatique qui, en plus, est une initiative mort-née", a-t-il affirmé.
Pour 20 Minutes, Michel Lascombe, agrégé en droit public, professeur de droit constitutionnel à Sciences-Po Lille, revient sur cette polémique assurant que "rien n’empêche dans la Constitution que le Premier ministre effectue des déplacements à l’étranger". Il affirme d’ailleurs que "ces voyages n’ont rien de nouveau" mais ont "beaucoup augmenté" au fil du temps. S’ils y avaient des règles à imposer, il n’y en aurait qu’une : "le chef de l’Etat et le chef du gouvernement ne peuvent prendre un avion en même temps", explique le professeur.
Michel Lascombe assure qu’aucun texte ne régit non plus les absences du Premier ministre du territoire national. L’article 7 de la Constitution évoque "les vacances de la Présidence de la République, mais pas du premier ministre", a-t-il précisé. Si le Premier ministre doit interrompre un déplacement à l’étranger en raison de la situation du pays, "là encore, rien n’est écrit", souligne le professeur. "Mais on peut remarquer deux cas de figure. Ces visites sont interrompues en cas de morts sur le territoire national, ou lors d’une situation d’émeutes violentes", précise-t-il.
Manuel Valls a entamé lundi 23 mai dans l’après-midi la partie palestinienne de son déplacement au Proche-Orient. Il s’est rendu à Bethléem puis à Jérusalem-Est. Ce mardi 24 mai, le chef du gouvernement français doit s’entretenir dans la matinée avec son homologue palestinien Rami Hamdallah. L’Autorité palestinienne est l’un des principaux soutiens à l’initiative française de paix rejetée par Israël.
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