Le quotidien Libération a révélé au grand jour un vaste trafic de cannabis facilité par l’ancien numéro un de la lutte antidrogue française, François Thierry. Un témoin dénonce "les méthodes de l’Office des stups depuis des années".
Un trafic de grande ampleur aurait été démantelé au sein même du service des stups de la police. Selon les révélations de Libération, l’ex-numéro un, François Thierry, aurait joué un rôle central dans l’importation de centaines de tonnes de cannabis pendant de nombreuses années. Il aurait également couvert les agissements d’un des plus gros trafiquants d’Europe. Un système d’une ampleur inédite que le quotidien qualifie même de "trafic d’Etat".
Un indic "crédible" révèle comment l’ex-patron opérait
Les révélations de Libération qui a pu recueillir le témoignage d’un indic remettent en cause le service de la lutte antidrogue française. Cet indic, présenté sous le pseudonyme Stéphane V., est jugé "crédible" par le parquet. Il dénonce notamment "les méthodes de l’Office des stups depuis des années" en France. Stéphane V. raconte ainsi qu’entre mars et avril 2012, "François Thiery (lui) a demandé d’aller garder une villa à Estopana", en Espagne. Cette villa "abritait" 19 tonnes de drogue qui auraient transité en quelques mois. Le cannabis était ensuite acheminé vers la France. Une partie était interceptée à la remontée, ce qui permettait de "belles" saisies, quand le reste était écoulé à travers l’Hexagone.
François Thierry en affaires avec un baron du trafic international
D’après l’enquête de Libération, François Thierry, qui a récemment quitté ses fonctions à la tête de l’Ocrtis, aurait ainsi joué un "rôle central" dans l’importation de "plusieurs dizaines de tonnes de cannabis" au bénéfice d’un présumé trafiquant de drogue, interpellé le 22 février en Belgique. Il s’agit d’un certain Sofiane H., considéré comme l’un des principaux importateurs de "shit" en Europe. Selon Stéphane V., cet homme serait également un informateur de l’Octris, traité en direct par François Thierry. Le cannabis entreposé dans la villa en Espagne appartiendrait à ce trafiquant. Les stups expliquent pourtant au cours d’une enquête interne qu’il s’agissait là d’une livraison "surveillée". Une procédure légale, en théorie obligatoirement contrôlée par la justice, qui permet de laisser entrer de la drogue sur le territoire, sous réserve que celle-ci soit scrupuleusement surveillée et qu’elle permette le démantèlement des filières d’écoulement.
Ce témoin, qui dit être inscrit comme informateur au Bureau central des sources en 2007, a été entendu par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) et une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris à la suite de ce témoignage, selon Libération.
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