En janvier 2016, un essai thérapeutique portant sur un antidouleur a tourné au drame après le décès d’un des volontaires. Le rapport final de l’Agence du médicament délivré le 19 avril estimait qu’"aucune anomalie … n’a été décelée". Mais une enquête réalisée par Le Figaro prouve le contraire : deux mois avant le drame, un participant à l’étude avait déjà été victime d’un accident vasculaire cérébral.
Une pièce manquante au rapport final de l’Agence du médicament (ANSM) a été complétée par les experts consultés par Le Figaro. Une pièce qui pourrait remettre en cause le rapport de l’ANSM qui avait estimé qu’"aucune anomalie, ni clinique, ni biologique, ni à l’IRM, pouvant être en rapport avec l’administration de la molécule et les conditions de l’essai n’a été décelée". En exclusivité, Le Figaro révèle qu’un volontaire participant à cet essai clinique mené par le laboratoire Biotrial à Rennes avait déjà été victime d’un accident vasculaire cérébral en novembre 2015. Soit deux mois avant le drame : cinq des patients volontaires ont été victimes de graves troubles neurologiques et l’un d’entre eux est décédé.
Une IRM cérébrale aurait-elle été "dissimulée" ?
L’examen sur lequel s’appuie Le Figaro ne serait pas connu des gendarmes en charge de l’enquête préliminaire sur l’accident thérapeutique lors de l’expérimentation de la molécule BIA 10-2474. Une molécule censée lutter contre des troubles anxieux ou des douleurs liées à des maladies neurologiques. Ce document n’est autre que l’IRM cérébrale, réalisée mi-janvier 2016, d’un patient ayant participé à l’essai thérapeutique en novembre 2015. Ce patient, avait déjà signalé des "troubles visuels", notés d’ailleurs par le laboratoire. Et son IRM réalisé près de deux mois après l’essai a révélé un AVC ancien. Sur le compte rendu, il est noté comme accident ischémique "non récent".
Ce que disent les experts consultés par Le Figaro
Le Figaro a fait appel à deux experts pour étudier le dossier : un neurobiologiste, membre de l’Académie de médecine et une neuroradiologue d’un grand hôpital parisien. Leur constat est sans appel : l’AVC de ce patient ne remonte pas à plusieurs années mais à "environ deux mois" avant l’examen. Et il avait pris la molécule fin novembre, soit un peu moins de deux mois avant l’IRM. Ces nouvelles données devraient certainement être prises en compte dans la rédaction du bilan final prévu fin juin 2016.
Plusieurs patients ont ressenti des "désagréments"
Le 17 janvier dernier, Guillaume Molinet, le patient de 49 ans, a été hospitalisé. Deux jours plus tard il a succombé. Les quatre volontaires restant, victime également de graves troubles neurologiques, ont été invités à passer une IRM cérébrale. L’autre volontaire dévoilé par Le Figaro n’en faisait pas partie. Ce dernier ayant participé à l’essai clinique fin novembre, dans un autre groupe recevant 10 mg de la molécule mise en cause. Les cinq autres volontaires devaient prendre 50 mg de cette même molécule. À la fin du mois d’avril, Le Figaro avait déjà révélé que les volontaires de cet essai clinique n’avaient pas été informés de tous les risques, et notamment des lésions observées chez l’animal à qui on a administré la même molécule.
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