Dans une lettre, dont France 3 Rhône-Alpes a rendu publique samedi, un prêtre du diocèse de Lyon évoque son cas, victime par le passé d’actes de pédophilie. Il dénonce notamment la manière dont le cardinal Barbarin gère le scandale et accuse ce dernier de parler de "prescription" dans de telle circonstance.
Samedi, France 3 Rhône-Alpes a publié un texte poignant lu pour la première fois le 25 avril dernier, au centre Valpré d’Ecully, alors que le cardinal Barbarin avait rassemblé 200 prêtres du diocèse de Lyon. Ce jour-là l’archevêque devait annoncer les nouvelles mesures du diocèse pour prévenir tout nouveau scandale de pédophilie au sein de l’Eglise. Un prêtre s’est levé dans l’assistance et a choisi de raconter son histoire, celle d’un jeune homme agressé sexuellement il y a une quarantaine d’années par un homme d’Eglise et un ancien séminariste. Il remet profondément en cause la position de l’évêque et de ses proches.
Victime de deux "pédocriminels", puis dédommagé
S’ouvrant à ses "chers frères", le prêtre dit avoir été victimes "de deux pédocriminels, un prêtre et un ancien séminariste alors marié et père de famille" il y a 40 ans. "J’ai prévenu l’évêque du prêtre en question qui a été convoqué et a reconnu les faits. J’ai aussi contacté les deux agresseurs qui ont fait un chèque", précise-t-il. Il rappelle les "conséquences dévastatrices de tels agissements" et souligne le délai de temps nécessaire aux victimes pour parler.
Se défendre ou dire pardon
Ce prêtre qui est resté anonyme regrette le manque d’écoute dont font preuve son Église et son évêque face aux victimes. L’auteur perçoit les "paroles malheureuses" du cardinal Barbarin, qui se "disculpe au moment même où il demande pardon", comme révélatrices de ce déficit de considération à l’égard des victimes. Autre parole malheureuse : "le fameux ’la majorité des faits, grâce à Dieu, sont prescrits’". Le prêtre, victime de pédophilie, estime que cela révèle, "malgré toutes les dénégations, que notre évêque ne pense pas avec les victimes. Seul l’agresseur se réjouit de la prescription".
Le prêtre a conclu en appelant Philippe Barbarin à sortir de son silence et à publiquement s’afficher aux côtés des victimes de pédophilie. "Le travail de la justice sera long, surtout s’il y a appel, peut-être plusieurs années. Les victimes ne peuvent attendre l’issue de la procédure pour que nous prenions position".
Voir la lettre dans son intégralité sur France3-regions.francetvinfo.fr
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